Les libéraux de Michael Ignatieff lanceront un blitz en octobre et en novembre dans les régions du Québec dans l'espoir d'arracher des sièges au Bloc québécois et ainsi augmenter leurs chances de déloger les conservateurs du pouvoir aux prochaines élections.

Depuis les élections de 2004, les libéraux sont totalement absents des régions du Québec, n'ayant réussi à faire élire de députés que dans la grande région de Montréal et dans l'Outaouais.

Après avoir vu leur chef parcourir des milliers de kilomètres au pays pendant l'été afin d'expliquer les politiques du Parti libéral - une stratégie qui a permis aux libéraux de remonter la pente dans les sondages - les députés Marc Garneau, Justin Trudeau, Denis Coderre, Pablo Rodrigues et Alexandra Mendes en feront autant en sillonnant les quatre coins de la province.

Dans une entrevue accordée à La Presse hier, le lieutenant politique de Michael Ignatieff au Québec, Marc Garneau, a affirmé que son parti devait s'enraciner davantage dans les régions de la province s'il veut revenir au pouvoir.

Il a ajouté que le Bloc québécois est le principal adversaire des libéraux. Le parti souverainiste de Gilles Duceppe détient 48 des 75 sièges du Québec, dont la majorité des sièges en région.

«Nous voulons persuader les gens de voter pour le Parti libéral. Mais nous voulons aussi passer certains messages aux Québécois. Oui, le Bloc québécois est un parti légitime. Mais voter pour le Bloc, cela permet au Parti conservateur de garder le pouvoir. Voter pour le Bloc, c'est voter pour un parti qui est contre beaucoup de choses, mais qui en fin de compte ne peut pas accéder au gouvernement et adopter des politiques qui vont servir les intérêts des Québécois», a dit M. Garneau.

L'annonce de cette tournée sera faite aujourd'hui à l'occasion du conseil général de l'aile québécoise du PLC à Drummondville.

Pour séduire les électeurs en région, les libéraux ont accouché d'une série de politiques au cours des derniers mois qui feront partie de leur programme électoral. M. Garneau a indiqué qu'ils se rendront dans les régions du Québec pour expliquer de vive voix ces politiques. Entre autres choses, le Parti libéral veut:

> encourager les médecins et les infirmières à s'établir dans une région rurale mal desservie en proposant d'effacer leurs prêts étudiants fédéraux, jusqu'à un maximum de 20 000$.

> imposer un moratoire sur la fermeture des bureaux de poste dans les régions.

> accorder des garanties de prêt aux entreprises spécialisées dans le secteur forestier et formuler un plan d'investissement en recherche et développement afin de permettre à ce secteur de se diversifier. Le Parti libéral propose aussi de trouver de nouveaux marchés pour l'industrie forestière afin de réduire sa dépendance au marché américain.

> offrir l'accès à l'internet à large bande dans les régions rurales dans un échéancier de trois ans. Cela représenterait un investissement de 500 millions à 1 milliard de dollars pour Ottawa.

> offrir un crédit d'impôt pour les pompiers volontaires. Dans les régions rurales, la très grande majorité des pompiers sont des volontaires et leur travail mérite d'être mieux reconnu, selon les libéraux.

«Dans le passé, nous avons été accusés à juste titre d'être devenus un parti urbain. Nous voulons démontrer qu'il est important pour les gens vivant dans les régions qu'elles soient traitées de la même façon que tout le monde, qu'ils aient accès aux mêmes services», a dit M. Garneau.

«Il nous incombe de convaincre les Québécois et il faut le faire en expliquant nos politiques. Le Bloc québécois est un parti légitime et nous sommes d'accord sur beaucoup de choses comme l'environnement, la culture, le recensement ou le registre des armes à feu. Mais seul le Parti libéral peut prendre le pouvoir et changer des choses concrètement», a-t-il ajouté.