Le Bloc québécois a utilisé la vague d'appuis en fin de semaine pour la construction d'un nouvel amphithéâtre à Québec pour accentuer la pression sur le gouvernement Harper afin qu'il participe au financement du projet.

Mais la manifestation de dizaines de milliers de personnes sur les plaines d'Abraham dans le cadre de la Marche bleue n'a pas fait bouger d'un iota la position du gouvernement conservateur à Ottawa: le projet doit être abordable et le secteur privé doit embarquer dans l'aventure.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a été le premier interpellé sur ce dossier qui est devenu une véritable épine au pied du gouvernement Harper. M. Flaherty, qui a le contrôle des cordons de la bourse, a soutenu: «Comme nous l'avons dit dans le passé, il faut une participation du secteur privé dans ce genre de projets d'infrastructures au pays», a-t-il affirmé en marge d'une rencontre avec les économistes des plus grandes banques du pays pour faire le point sur la situation économique.

La question de la participation du fédéral à ce projet tiraille le gouvernement Harper pour deux raisons. D'abord, la majorité des députés conservateurs du Québec viennent de la région de Québec. Leur réélection pourrait dépendre de la décision de Stephen Harper dans ce dossier. Or, les conservateurs ont dû affronter une avalanche de critiques dans le reste du Canada après que M. Harper eut entrouvert la porte à la possibilité qu'Ottawa finance une partie des coûts de construction.

Les coûts de construction de l'amphithéâtre sont évalués à 400 millions de dollars. La Ville de Québec s'est engagée à investir 50 millions. Le gouvernement Charest a promis de payer 45% de la facture, soit 180 millions de dollars. Ottawa est invité à payer le reste, soit 180 millions.

Aux Communes, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a pressé le gouvernement fédéral d'écouter la population de la région de Québec. M. Duceppe a participé à la Marche bleue en fin de semaine, à l'instar d'autres politiciens fédéraux.

«Plus de 60 000 citoyens de Québec se sont réunis samedi afin d'appuyer la construction d'un amphithéâtre multifonctionnel visant, notamment, à obtenir les Jeux olympiques et à accueillir une équipe professionnelle de hockey, ainsi que des événements culturels. (...) Le premier ministre va-t-il enfin entendre l'appel des gens de Québec, qui ont crié haut et fort leur désir d'avoir un amphithéâtre, et va-t-il faire sa part en participant au financement?», a demandé M. Duceppe.

En l'absence du premier ministre, c'est le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, et non la ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, responsable de la région de Québec, qui a répondu aux questions du chef bloquiste.

M. Cannon s'en est tenu au message que répète inlassablement le gouvernement conservateur depuis quelques semaines.

«Partout au Canada, il y a des demandes de nouvelles infrastructures tant pour la Ligue canadienne de football que pour la Ligue nationale de hockey. (...) Bien que nous soyons de grands amateurs de sport professionnel, le financement des installations relève principalement du secteur privé. Et le rôle du gouvernement fédéral, s'il y en a un, sera de faire preuve d'équité à l'échelle du pays, c'est-à-dire lorsque les dépenses seront raisonnables et abordables», a dit M. Cannon.

Revenant à la charge, le chef bloquiste a demandé au premier ministre de répondre à la demande de rencontre du maire Régis Labeaume afin de discuter de ce dossier important pour la Vieille Capitale. M. Cannon a répliqué en invitant le maire de Québec à communiquer avec Josée Verner pour «prendre les arrangements nécessaires en vue d'obtenir une rencontre au moment opportun».

«C'est la même ministre et ses collègues de la région de Québec, qui ont été capables de livrer pour l'aéroport, pour le PEPS, pour le Musée de la civilisation et pour le centre de foires», a dit M. Cannon.