Aux yeux du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, le sort de M. Khadr, le dernier ressortissant occidental toujours détenu à Guantánamo, se trouve toujours entre les mains des autorités américaines.



Selon l'entente à l'amiable à laquelle sont parvenus les avocats militaires du jeune détenu et ceux du gouvernement américain, M. Khadr pourra demander à être transféré dans un pénitencier canadien après un an de détention aux États-Unis.

Aux Communes, lundi, le chef de la diplomatie canadienne a été interrogé sur les intentions du gouvernement Harper maintenant que M. Khadr a plaidé coupable. Le ministre Cannon s'est contenté de souligner les nombreuses accusations pour lesquelles il a reconnu sa culpabilité.

«M. Khadr se reconnaît coupable de meurtre en contravention avec le droit international humanitaire, de tentative de meurtre en contravention avec ce droit, de conspiration, de soutien matériel au terrorisme et d'espionnage. D'après les médias, M. Khadr s'est aussi reconnu coupable d'être membre d'Al-Qaïda, d'avoir placé des bombes en bordure des routes et de s'en être pris sciemment à des victimes civiles. Cette question concerne M. Khadr et le gouvernement des États-Unis», a affirmé le ministre.

Une source gouvernementale a expliqué que les autorités canadiennes doivent savoir quelle peine sera infligée au jeune Khadr avant de s'avancer. La sentence pourrait être rendue d'ici à vendredi. «Le dossier n'est pas entre nos mains en ce moment» a-t-on expliqué.

Vendredi dernier, le ministre Cannon et la secrétaire d'État, Hilary Clinton, ont discuté du cas d'Omar Khadr. Mais aucune information n'a filtré quant à la teneur de leurs discussions.

Selon certains experts, Omar Khadr ne peut demander au gouvernement canadien de le rapatrier avant d'avoir reçu sa peine. Le gouvernement canadien pourrait toujours refuser de le rapatrier, mais il devrait alors démontrer que M. Khadr représente toujours une menace pour la sécurité du pays.

Les partis de l'opposition ont exprimé leur colère devant le refus d'Ottawa d'entreprendre quelque démarche que ce soit pour faciliter le rapatriement de M. Khadr.

Selon le chef bloquiste, Gilles Duceppe, le gouvernement Harper manque à ses obligations internationales en refusant de s'assurer que M. Khadr soit traité comme un enfant-soldat. Un enfant-soldat est un combattant âgé de moins de 18 ans, selon le protocole facultatif à la Convention internationale des droits de l'enfant. M. Khadr n'avait que 15 ans lorsqu'il a été arrêté par l'armée américaine en Afghanistan.

Le député néo-démocrate Thomas Mulcair a abondé: «En vertu des règles de droit international, M. Khadr était un enfant-soldat qui avait droit à la protection du droit international et du droit intérieur du Canada. Il est honteux que le gouvernement du Canada continue de faire fi d'une entente internationale dont on était l'un des premiers signataires», a-t-il dit.

La députée libérale Marlene Jennings doute pour sa part que le gouvernement Harper tentera de rapatrier M. Khadr. «Si on regarde le comportement du gouvernement depuis l'arrestation de M. Khadr, on peut douter qu'il ait l'intention de lui permettre de purger sa peine au Canada.