Sa décision est prise: Stephen Harper entend laisser des soldats en Afghanistan au-delà de 2011. Ces derniers, par contre, ne combattraient pas les talibans. Ils auraient plutôt pour mission d'entraîner l'armée afghane.

Après avoir confirmé qu'il y réfléchissait, plus tôt dans la journée, jeudi, le premier ministre a admis en marge du sommet du G20 à Séoul qu'il s'agissait somme toute de la meilleure décision à prendre, tant pour l'Afghanistan que pour les sacrifices faits par les Forces canadiennes depuis bientôt 10 ans.

«Si on regarde les faits, j'ai conclu avec réticence que c'est la meilleure décision», a déclaré Stephen Harper lors du premier point de presse de son voyage de près d'une semaine en Asie.

À peine quelques heures plus tôt, au cours d'une entrevue accordée au réseau CTV, le premier ministre avait pourtant déclaré: «Nous considérons des options pour un nombre restreint de troupes».

Cette mission, de «quelques centaines de soldats», durerait jusqu'à 2014, soit trois ans de plus que la date prévue du retrait des troupes, à la fin de 2011. En principe, le Canada devrait commencer à retirer ses quelque 3 000 hommes et femmes en uniforme à partir de juillet prochain.

Il ne s'agirait toutefois pas d'une mission de combat, a insisté le premier ministre. Les Forces armées canadiennes seraient uniquement chargées d'entraîner les soldats afghans.

«Franchement, ma préférence serait d'avoir la fin de n'importe quelle mission militaire, a insisté Stephen Harper. Mais si je regarde les faits, on a besoin encore de l'entraînement des soldats afghans pour vraiment consolider nos gains.»

«Je ne veux pas risquer nos gains avec un retrait complet trop tôt», a-t-il martelé.

Il s'agit d'une volte-face pour le premier ministre, qui répète depuis deux ans que la mission militaire prendra fin en 2011. C'est d'ailleurs le sens d'une motion adoptée par le Parlement en 2008.

Déjà, lorsque l'information selon laquelle Ottawa considérait prolonger sa mission avait filtré, plus tôt cette semaine, les partis de l'opposition avaient réclamé plus de détails sur les plans exacts du gouvernement. Ces demandes risquent d'être répétées au cours des prochains jours.

Depuis 2002, 152 militaires, deux travailleuses humanitaires, une journaliste et un diplomate canadiens ont perdu la vie. La mission a coûté jusqu'ici près de 10 milliards de dollars aux contribuables.

Jour du Souvenir

Le premier ministre Harper a annoncé cette décision quelques heures après avoir participé à une cérémonie du Jour du Souvenir, au Monument commémoratif de la guerre de Corée, dans le centre de Séoul.

Il était accompagné de son épouse et de plusieurs vétérans de cette guerre qui a fait plus de 500 morts parmi les soldats canadiens, entre 1950 et 1953.

Au terme d'une cérémonie solennelle, le couple Harper a déposé une couronne de fleurs au pied d'une plaque commémorative, en compagnie d'Arsène Dubé, un vétéran de cette guerre.

C'était la première fois que M. Dubé, qui a combattu au front pendant un an et qui a vu son meilleur ami tomber à ses côtés, revenait dans la péninsule coréenne depuis les affrontements.

«Si vous aviez vu le territoire ici, ça a tellement changé, s'est-il exclamé. Ça nous prend au coeur quand on voit cela.»

«Le pays a grandi et il s'est développé, a-t-il ajouté. On se dit: on n'est pas venu se battre pour rien.»

Stephen Harper est en Corée du Sud jusqu'à vendredi après-midi pour participer au sommet du G20. Il se rendra ensuite au Japon, à Yokohama, pour celui de l'APEC.