Pas question, pour les libéraux, de punir des réfugiés légitimes victimes de passeurs criminels. Le Parti libéral de Michael Ignatieff votera contre le projet de loi sur le passage de clandestins, estimant qu'il est inconstitutionnel et qu'il cible les mauvaises personnes.



«Nous avons conclu après beaucoup de réflexion que c'est contraire à la Charte des droits et libertés, a lancé M. Ignatieff, mercredi, à l'issue du caucus de ses députés. Ça punit les victimes, et non les criminels.»

«Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement afin de cibler les vrais criminels, a-t-il ajouté. Mais on ne va pas assister à la punition des victimes. On ne va pas contribuer à un projet de loi qui est contre les valeurs canadiennes.»

Le projet de loi C-49, introduit en réaction à l'arrivée, en août dernier, d'un bateau transportant 492 demandeurs d'asile du Sri Lanka, prévoit notamment la détention obligatoire des migrants illégaux pendant une période pouvant aller jusqu'à un an, ce que les libéraux trouvent inacceptable.

«Irrécupérable»

Le Bloc québécois et le NPD ayant déjà confirmé leur opposition au projet de loi, ce dernier ne survivra vraisemblablement pas au prochain vote, en deuxième lecture, avant même d'être envoyé en comité, où il aurait été possible de le bonifier ou de l'amender.

«Nous pensons que le projet de loi est tout simplement irrécupérable», a expliqué M. Ignatieff.

Dans les milieux conservateurs, on soupçonne les libéraux d'avoir attendu au lendemain des élections partielles de lundi pour annoncer leur position, de peur de perdre des votes en Ontario et au Manitoba.

«C'est l'une des priorités des Canadiens, a soutenu mercredi le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, à sa sortie des Communes. Les Canadiens s'attendent à ce que leur Parlement agisse contre les organisations criminelles qui ciblent le Canada, qui essaient d'abuser de nos lois sur l'immigration, alors on ne lâchera pas.»

«Si les libéraux et les autres membres de la coalition de l'opposition veulent voter contre ce projet de loi raisonnable et juste, il faut qu'ils soient prêts à faire face aux électeurs canadiens», a ajouté le ministre Kenney. Il n'exclut pas la possibilité d'en faire un vote de confiance, ce qui pourrait théoriquement précipiter le Canada vers des élections si l'ensemble des députés de l'opposition votent contre le gouvernement.