Après une année marquée par les controverses et les allégations de corruption, Jean Charest en paie le prix: il est, de tous les premiers ministres provinciaux du Canada, le moins aimé.

C'est du moins ce que révèle un sondage Angus Reid réalisé entre le 8 et le 15 novembre derniers.

Jean Charest obtient un taux d'approbation de 14%, une chute de 11 points par rapport à l'an dernier à pareille date. À l'inverse, 67% des électeurs désapprouvent son travail.

«On voit qu'il y a une grande frustration envers son administration. Ça pourrait porter une certaine pression sur Jean Charest», souligne Jaideep Mukerji, vice-président d'Angus Reid.

M. Charest se classe bon dernier dans la liste. Seul le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, obtient un taux de désapprobation supérieur, à 73%, et un taux d'approbation de 16%. Or, M. Campbell a annoncé sa démission le mois dernier, avant que ne soit réalisé ce sondage. D'ailleurs, sa cote de popularité a augmenté légèrement depuis l'annonce de son départ, signe, selon M. Mukerji, que les gens sont satisfaits de sa décision de partir.

Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, arrive au troisième rang des premiers ministres les moins appréciés, avec un taux d'approbation qui atteint lui aussi seulement 16%. L'harmonisation de la taxe de vente, en Ontario et en Colombie-Britannique, a vraisemblablement contribué à la baisse de popularité des premiers ministres de ces deux provinces.

«Ce qu'on note, c'est que plus on est au pouvoir longtemps, plus les gens commencent à être désabusés», observe M. Mukerji.

L'exception à cette règle se trouve complètement de l'autre côté du spectre, où Danny Williams, de Terre-Neuve-et-Labrador, en poste depuis 2003, jouit d'une popularité inégalée avec un taux d'approbation de 67% (le sondage a été réalisé avant l'annonce de son départ de la vie politique, la semaine dernière).

Fort d'avoir bloqué, le mois dernier, l'offre d'achat hostile de BHP sur un joyau de la province, Potash Corp, le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, arrive au deuxième rang: 60% des gens approuvent son travail.

Le tout nouveau premier ministre du Nouveau-Brunswick, David Alward, élu au mois de septembre, jouit d'une petite lune de miel. Il se classe au troisième rang, avec 32% d'approbation, mais Jaideep Mukerji relativise: élu en 2009, le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Darrell Dexter, qui jouissait il y a un an d'un taux d'approbation de 43%, a chuté 12 mois plus tard à 20%, à la sixième place.

Greg Selinger, du Manitoba, arrive en quatrième place avec 28%, suivi d'Ed Stelmach, dont la popularité a augmenté légèrement depuis un an, pour atteindre un mince 20% d'approbation.

Réalisé en ligne auprès de 6000 adultes canadiens, le sondage a une marge d'erreur oscillant, selon la province, entre 3,1 points de pourcentage (Ontario), 3,5% (Québec) et 5,7% (Nouveau-Brunswick). Les résultats n'ont pas été compilés pour l'Île-du-Prince-Édouard, l'échantillonnage n'étant pas assez représentatif.