Prorogation, idéologie, tentative de démantèlement du registre des armes à feu, inaction dans la lutte contre les changements climatiques, mépris de la démocratie: la liste des récriminations de l'opposition à l'égard du gouvernement conservateur est longue.

La Chambre des communes ajournera ses travaux aujourd'hui à 15h, après la période des questions, mais l'heure était déjà aux bilans de fin de session, mercredi.

«C'est un gouvernement qui est dangereux non seulement pour le Québec, mais pour le Canada. C'est un gouvernement qui ment chaque jour, qui ne répond pas aux questions, a critiqué le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Je trouve que ce gouvernement ne correspond pas du tout à des valeurs démocratiques.» Selon lui, le Québec se retrouve de plus en plus «isolé» dans «le Canada de M. Harper».

En conférence de presse, le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, a pour sa part reproché au gouvernement d'avoir renié sa promesse de mettre fin à la mission militaire en Afghanistan, de tenter d'imposer des modifications aux droits d'auteur qui seraient néfastes pour le milieu culturel et de saboter les négociations internationales sur le climat, toutes choses qui démontrent, selon lui, que les conservateurs «font fi» des valeurs et des intérêts du Québec.

Critiques des libéraux

La liste est aussi longue du côté des libéraux, qui reprochent au gouvernement d'avoir fait une série de «mauvais choix» cette année. Les dépenses exorbitantes pour l'organisation des sommets du G8 et du G20, le «fiasco» du camp Mirage - dans lequel le Canada a perdu son accès à une plaque tournante logistique aux Émirats arabes unis, névralgique pour la mission en Afghanistan -, et l'achat sans appel d'offres d'avions de chasse F-35 sont autant d'exemples de la «médiocrité» de ce gouvernement, a dit le chef libéral adjoint, Ralph Goodale. Selon lui, Ottawa a subi cette année un «revers sans précédent» en se voyant refuser un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, en octobre dernier.

Mais ça ne veut pas dire pour autant que les libéraux, qui forment l'opposition officielle, tenteront de défaire le gouvernement à la première occasion.

«On attend la rentrée parlementaire. On verra comment M. Harper se comporte d'ici au 31 janvier. On va continuer à travailler, travailler et travailler», a souligné le leader parlementaire libéral, David McGuinty. Le gouvernement, selon lui, devra être jugé, cet hiver, sur les négociations secrètes avec les États-Unis pour un périmètre de sécurité, les actions entreprises à la suite de l'accord signé au sommet de Cancún sur les changements climatiques et à la performance économique, notamment.

«Notre tâche comme opposition officielle est d'établir quel sera l'enjeu de la prochaine campagne électorale, a renchéri M. Goodale. Le choix des Canadiens est clair. D'un côté, vous avez M. Harper avec ses jets, ses prisons et ses réductions d'impôts supplémentaires pour les grandes entreprises. De l'autre côté, vous avez le Parti libéral, qui offre de l'espoir et des perspectives d'avenir aux familles, pour les pensions, pour les aidants naturels et pour l'éducation postsecondaire.»

Les libéraux reprochent au gouvernement d'avoir «entrepris une campagne concertée» afin de blâmer l'opposition officielle pour les retards dans l'adoption des projets de loi liés à la criminalité, le fer de lance des conservateurs. Or, tous les partis de l'opposition concluent que si le premier ministre Stephen Harper n'avait pas prorogé le Parlement le 30 décembre 2009, il n'aurait pas eu à introduire de nouveau l'ensemble de son menu législatif, qui meurt au feuilleton lorsqu'il y a prorogation. «M. Harper a dit qu'il avait besoin de fermer le Parlement pour «recalibrer» le programme de son gouvernement, a dit M. McGuinty. Mais le nouveau programme ne s'est jamais matérialisé. Il n'y a eu aucune réorientation. Ils ont réintroduit les mêmes projets de loi.»

«Le gouvernement n'accorde aucune importance aux faits et se moque de la vérité», a-t-il dit, avant d'ajouter que les conservateurs tentent de «manipuler» les Canadiens.

Le NPD ouvert aux coalitions

Le chef du NPD, Jack Layton, a quant à lui indiqué qu'il souhaitait, pour la nouvelle année, «travailler avec les autres partis pour accomplir des choses pour les gens». Tout comme le Bloc québécois, le NPD ne ferme pas la porte à une forme de coalition, comme cela avait été proposé en décembre 2008 pour renverser le gouvernement fraîchement réélu de Stephen Harper.

Bien qu'il affirme ne pas vouloir d'élections et souhaiter que «le Parlement marche», pour le leader du gouvernement en Chambre, John Baird, le choix est clair: «Aux prochaines élections, le peuple canadien va avoir le choix entre un gouvernement majoritaire de Stephen Harper ou une coalition avec Michael Ignatieff», a-t-il affirmé, même si le chef libéral a depuis longtemps rejeté cette option.