Un clinquant site Internet officiel rempli de photographies du premier ministre et louangeant le travail du «gouvernement Harper» a été approuvé même s'il enfreint la réglementation fédérale, selon des documents obtenus par La Presse Canadienne.

Des fonctionnaires avaient jugé que le site du Plan d'action économique du gouvernement fédéral ne respectait par les règles officielles dans ce domaine et qu'il ne méritait pas d'exemption.

La mise en ligne du site Internet a tout de même été autorisée par Vic Toews, alors président du Conseil du trésor. M. Toews avait justifié sa décision en affirmant que les règles, qui étaient entrées en vigueur le 31 décembre 2008, allaient être modifiées.

La réglementation fédérale prévoit des normes, appelées «uniformisation de la présentation et de l'exploitation», pour s'assurer que les sites Internet gouvernementaux soient crédibles, accessibles, semblables et non partisans.

Le portail virtuel du Plan d'action économique, vantant le budget conservateur de janvier 2009 et son généreux programme de relance économique, a été critiqué dès sa mise en ligne en raison de son apparence partisane.

Des documents obtenus grâce à la Loi d'accès à l'information montrent que le Bureau du Conseil privé, le ministère du premier ministre, avait passé quatre mois, en 2009, à tenter de convaincre le Conseil du Trésor de lui accorder des exemptions aux nouveaux règlements. Mais les fonctionnaires n'ont jamais accepté de donner leur assentiment.

En septembre 2009, des employés du Conseil du Trésor avaient rédigé une lettre au nom de M. Toews qui rejetait formellement la demande d'exemption liée au site du Plan d'action économique. Il s'agissait de la décision «recommandée», selon des documents internes.

Mais le ministre Toews a plutôt signé une autre lettre, le 20 octobre 2009, qui approuvait les exemptions.

«Des ressources ne devraient pas être consacrées à respecter des normes de conceptualisation et de mise en page qui seront changées prochainement.»

En date de janvier 2011, ces règles demeurent pourtant en place, tout comme le site du Plan d'action économique. Le Conseil du Trésor a affirmé qu'elles seraient changées tôt en 2011.

Sara MacIntyre, porte-parole du Cabinet du premier ministre, a affirmé mercredi que le site avait besoin d'une exemption afin d'utiliser des technologies interactives telles que Google Maps, qui permet de localiser les projets touchés par le plan.

«En gros, le site du Plan d'action économique respecte l»uniformisation de la présentation et de l'exploitation», mais une exemption a été demandée et obtenue pour l'utilisation de technologies, comme la recherche de projet par localisation», a-t-elle plaidé.

En fait, la demande effectuée par le Bureau du Conseil privé concernait une myriade d'éléments: les bannières s'affichant sur la page, le langage utilisé dans le texte et la conception d'une image de feuille d'érable, entre autres.

Le site Internet a été mis en ligne au mois de mars 2009. Dès la mi-mai, le Bureau du Conseil privé ordonnait à tous les sites fédéraux d'établir un lien direct vers celui du Plan d'action économique.

Les parlementaires libéraux ont réagi à ces révélations en affirmant que leurs adversaires violaient clairement les règles.

«Il est Stephen faites-ce-que-je-dis Harper, Stephen brise-toutes-les-règles Harper», s'est moqué la porte-parole libérale Siobhan Coady.