Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, condamne l'intention du premier ministre Stephen Harper d'abolir les subventions accordées aux partis politiques pour financer leurs activités s'il remporte les prochaines élections fédérales.

M. Harper a réitéré hier que son parti inscrira l'abolition de ces subventions, qui frisent les 27 millions de dollars par année, dans son programme électoral. Des élections fédérales pourraient avoir lieu au printemps si les trois partis de l'opposition rejettent le budget que présentera le ministre des Finances, Jim Flaherty, fin février ou début mars.

Le gouvernement Harper avait tenté d'abolir ces subventions en novembre 2008, mais il avait été contraint de faire marche arrière après que le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois eurent tenté de le défaire aux Communes en présentant une motion de censure. Le Parti libéral et le NPD avaient alors l'intention de former un gouvernement de coalition afin de prendre le pouvoir avec le soutien du Bloc québécois.

En entrevue, hier, M. Duceppe a affirmé que ces subventions sont essentielles au bon fonctionnement de la démocratie canadienne en ce qu'elles éliminent l'influence de tierces parties et donnent aux petites formations les moyens de participer aux débats. Depuis 2003, chaque parti politique obtient 2$ pour chaque vote qu'il a récolté au dernier scrutin. Le Parti conservateur obtient ainsi 10,4 millions de dollars par année, le Parti libéral, 7,2 millions, le NPD, 5 millions, le Bloc québécois, 2,7 millions et le Parti vert, 1,8 million. Depuis l'élimination des dons des entreprises et des syndicats, le Parti libéral et le NPD dépendent largement de ces subventions pour financer leurs activités.

Le chef bloquiste, lui, soutient que le Bloc québécois ne dépend pas de cette subvention puisque, contrairement aux autres partis, ce sont les associations de circonscription du Bloc qui conservent l'argent des activités de financement. «Nous avons environ 3 millions de dollars dans les circonscriptions. Cela veut dire qu'en moyenne, chacune a 40 000$ en banque.»

«Nous utilisons la subvention comme tous les autres partis. Mais de là à penser qu'il n'y a pas d'argent qui entre dans les coffres du parti, c'est faux. Tout l'argent qui entre va dans les circonscriptions.»

Pour sa part, Stephen Harper estime depuis longtemps que ces subventions sont injustifiées. «Quand on donne une subvention sans que les partis politiques fassent d'effort pour gagner leurs propres fonds, je pense que c'est une dépense qu'on ne peut justifier», a affirmé M. Harper, de passage dans la région de Toronto.

Avec La Presse Canadienne