Le premier ministre Stephen Harper est en visite officielle à Genève, en Suisse, où il espère régler les détails du plan sur la santé maternelle et infantile qu'il a mis de l'avant au dernier sommet du G8. Il pourrait cependant rencontrer une certaine résistance à la lumière des accusations de corruption qui ont secoué un fonds d'aide humanitaire impliqué dans le programme.

L'«initiative de Muskoka», un plan de plusieurs milliards de dollars, avait été approuvé par les leaders du G8 lors du sommet de juin dernier à Muskoka, en Ontario.

Il a mené à la création de la Commission sur l'information et la transparence pour les femmes et les enfants, mise sur pied par l'ONU en décembre spécialement pour veiller à suivre les flux des ressources destinées à la réalisation de l'initiative de Muskoka. Elle est coprésidée par M. Harper et par le président tanzanien, Jakaya Kikwete.

Au cours de son voyage en Suisse, le premier ministre doit veiller à la mise en oeuvre concrète du programme avec cette commission.

Mais les efforts qui seront déployés par M. Harper pour concrétiser ce projet, auquel le gouvernement conservateur a consacré un demi-milliard de dollars l'an dernier, pourraient être minés par les récentes allégations de corruption qui ont porté atteinte à l'intégrité d'un fonds international basé à Genève.

L'agence Associated Press a en effet rapporté, cette semaine, que des enquêtes réalisées à l'interne au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme avaient révélé que des pertes de 34 millions $ avaient été enregistrées dans certains pays d'Afrique.

L'un de ces pays est le Mali, que le Canada a identifié comme l'un des principaux bénéficiaires de ce programme.

L'an dernier, lors du discours prononcé devant l'Assemblée générale de l'ONU, Stephen Harper avait annoncé que le Canada verserait 540 millions $ au fonds qui a fait l'objet de l'enquête. Le fonds était relié à l'initiative de Muskoka. Cette contribution portait le montant total alloué par le Canada à l'organisme à quelque 1,5 milliard $ depuis sa création en 2001.

Les autorités ont pu recouvrer 19 millions $ de l'argent disparu, mais l'unité d'enquête spéciale a seulement étudié quelques-unes des subventions qui ont été allouées au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

La ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, a déclaré qu'Ottawa était «profondément préoccupé» par les récentes révélations.

Selon les enquêteurs, quatre millions de dollars auraient été détournés au Mali. Le mois dernier, le fonds a annoncé qu'il avait gelé les quelque 22,6 millions $ de subventions destinées à ce pays.

À Genève, les responsables ont défendu le Fonds mondial de lutte contre le sida, faisant valoir que celui-ci faisait plus que toute autre agence de développement pour enrayer la corruption.

Après son passage en sol helvétique, Stephen Harper prendra la direction du Maroc. Il devrait rentrer au Canada jeudi soir.