Le député fédéral indépendant André Arthur s'est moqué de la précipitation de Régis Labeaume, dans le projet de nouveau Colisée, allant même jusqu'à dire que le maire de Québec risque de se retrouver «avec une camisole de force».

M. Arthur a émis de sérieux doutes, vendredi, sur le montage financier présenté cette semaine par M. Labeaume et le premier ministre Jean Charest, voyant là surtout un ballon politique.

Mais le député de Portneuf, une circonscription voisine de Québec où les conservateurs ne lui ont opposé aucun adversaire, a réservé ses mots les plus sentis pour M. Labeaume, affirmant qu'il a multiplié les exigences démesurées depuis son arrivée au pouvoir.

«J'interprète Labeaume comme un petit gars dans un supermarché qui veut de la gomme balloune, sa mère dit non et il se roule à terre, a-t-il dit. (...) M. Labeaume a démontré depuis qu'il est maire un état d'excitation personnelle qui mériterait d'être analysé plus profondément, au risque de devoir un jour terminer avec une camisole de force.»

M. Arthur a déploré que dans leur montage financier, les deux partenaires n'aient réservé aucune place à la participation de Quebecor dans le construction de l'installation, avec laquelle le maire espère attirer une équipe de hockey professionnel.

Selon M. Arthur, ils ont par la même occasion éliminé tout investissement du gouvernement fédéral, qui exigeait la participation du secteur privé.

«S'ils avaient de l'argent privé et s'ils avaient le gouvernement fédéral, ils seraient obligés d'aller au bout de leur projet et probablement qu'ils se retrouveraient avec une entreprise qui ne marchera pas parce qu'il n'y en aura pas de club de la Ligue nationale de hockey», a-t-il dit lors d'une entrevue téléphonique à La Presse Canadienne.

Malgré l'annonce, jeudi, que MM. Charest et Labeaume se partageront les coûts de construction du nouvel amphithéâtre, estimés actuellement à 400 millions $, M. Arthur croit que l'avenir du projet est incertain.

«Ça m'apparaît bien plus comme une «balloune» politique de deux gars qui pour des raisons totalement différentes, se sont retrouvés alliés, a-t-il dit. (...) Vous avez un gars qui est un péquiste confirmé, allié à un premier ministre en déchéance qui annoncent un projet de façon totalement démagogique en faisant semblant qu'ils n'ont jamais eu d'offre du privé, pour ne pas avoir le fédéral avec eux.»

M. Arthur a déclaré que M. Charest n'a haussé sa mise dans la construction d'un nouveau Colisée que pour regagner la faveur de l'opinion publique.

«Dans le cas de M. Charest, c'est l'absolue panique d'un homme qui essaie de se récupérer dans les sondages», a-t-il dit.

Selon M. Arthur, en ne laissant aucune place au secteur privé, les deux partenaires ouvrent la porte à des dépenses d'exploitation supplémentaires.

«Sans privé, ce sera le règne des employés municipaux, ce sera les conventions collectives qui prévoient toutes sortes de folies», a-t-il dit.

En plus des 200 millions $ du gouvernement, M. Labeaume a engagé 187 millions $ de son administration dans le projet, et le budget de construction est complété par 13 millions $ d'une organisation, J'ai ma place, qui vend des sièges du futur amphithéâtre.

M. Labeaume a exclu toute participation privée à la construction, en raison de la non-rentabilité de l'opération.

Le mois dernier, le chef de la direction de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, s'était montré ouvert à investir «des dizaines de millions» dans le projet.

Par ailleurs, le chef adéquiste Gérard Deltell s'est opposé vendredi à la participation financière de 200 millions annoncée par M. Charest pour le projet d'amphithéâtre.

Selon M. Deltell, il faudrait au moins qu'un partenaire privé investisse 50 millions dans la construction, un projet estimé pour l'instant à 400 millions.

«C'est dommage de la part du chef d'État (sic) de s'engager si rapidement avec autant d'enthousiasme pour un projet où ça va être payé à 100 pour cent par les contribuables, alors qu'il y avait d'autres avenues possibles», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.