Mépris du Québec et de sa culture, manque de respect pour la langue française, intérêts opposés en matière d'énergie, d'environnement, modèles différents de justice, priorités opposées; le Canada de Stephen Harper n'a plus rien à offrir au Québec, estime le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

«La réalité, c'est que le Canada a complètement fermé la porte au Québec. L'opinion canadienne s'est considérablement durcie», a lancé le chef bloquiste, dans son allocution d'ouverture du conseil général de la formation politique, qui se tient samedi et dimanche à Saint-Hyacinthe.

«Hier, c'était les coupes dans le financement (de la culture) et le mépris affiché de Stephen Harper. Aujourd'hui, c'est la prise de contrôle du CRTC par les partisans conservateurs et de l'ADQ. Demain, ce sera la loi sur le droit d'auteur qui va couper les vivres à nos créateurs, à nos artistes, a souligné M. Duceppe, devant plus de 700 partisans. Une nation comme la nôtre ne peut pas laisser l'avenir de sa culture entre les mains d'une autre nation dont les dirigeants sont au mieux indifférents et au pire, méprisants.»

«Si Maxime Bernier prend la peine d'affirmer que la loi 101 est inutile, c'est parce qu'il sait que ça fait plaisir à bien du monde au Canada», a-t-il ajouté.

Vilipendant les politiques du gouvernement conservateur, le vétéran souverainiste, élu à la Chambre des communes depuis 1990, chef de la formation depuis 1997, M. Duceppe a estimé que le fédéralisme canadien «n'est pas rentable», et même qu'il est «devenu ruineux pour le Québec».

Le chef bloquiste a prôné la réduction de la dépendance au pétrole, qui passe selon lui notamment par l'électrification des transports, et la commercialisation des carburants alternatifs.

Le pétrole «enrichit le Canada», mais il «appauvrit le Québec», a-t-il souligné.

Le prochain budget fédéral, qui doit être présenté en mars à Ottawa, sera un test pour le gouvernement Harper, qui selon M. Duceppe, a beaucoup fait pour les autres provinces du Canada. «Après l'Ontario, ça devrait être le tour du Québec dans ce budget», a dit chef bloquiste.

Le Bloc québécois a dévoilé en janvier ses demandes budgétaires, qui se chiffrent à cinq milliards de dollars, dont 2,2 milliards d'indemnisations pour l'harmonisation des taxes.

Si le budget ne répond pas aux attentes du Bloc, M. Duceppe ne craint pas un déclenchement d'élections générales, et promet de «mener le Bloc québécois vers une septième victoire électorale consécutive».

Mais pour ce faire, il a demandé aux membres du parti de lui accorder à nouveau leur confiance. Pour la sixième fois depuis qu'il est à la tête du Bloc (1997), le leadership de M. Duceppe fera face à un vote, dont les résultats seront dévoilés samedi en fin de journée.

En matinée, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a été chaudement ovationnée par la foule de militants souverainistes, souvent membres des deux formations politiques. À quelques mois d'un vote de confiance crucial pour le leadership de Mme Marois, la chef du PQ a reçu un appui de taille des bloquistes, qui la croient bien en selle pour réaliser la souveraineté du Québec.

«Le Bloc réitère sa foi inébranlable dans la capacité du Parti québécois et de Pauline Marois de mener à bien cette mission historique», a souligné la vice-présidente du Bloc et ancienne députée fédérale de Papineau, Vivian Barbot.

«Notre vote devra être à la mesure de notre ardeur souverainiste», a ajouté Mme Barbot, en prévision du vote du mois d'avril.

Devant la foule de partisans, Mme Marois a martelé que le Québec avait besoin de Gilles Duceppe et du Bloc québécois pour défendre ses intérêts à Ottawa, jugeant que Jean Charest avait failli à la tâche.

«Le bilan du gouvernement Charest face à Ottawa se résume a quatre mots: incapacité, impuissance, inaction, indifférence. C'est ça, le gouvernement Charest vis-à-vis Ottawa», a lancé la chef péquiste, se disant ouvertement «jalouse» de voir que des élections seront vraisemblablement déclenchées bientôt à Ottawa, alors que la population du Québec devra attendre encore deux ans avant de s'exprimer sur le mandat de Jean Charest.