À quelques semaines de possibles élections fédérales, le Bloc québécois relance l'idée de soutenir «une coalition de partis politiques» - vraisemblablement formée de libéraux et de néo-démocrates - pour déloger les conservateurs de Stephen Harper.

Réunis en conseil général en fin de semaine, les militants du Bloc québécois ont propulsé de nouveau cette question à l'avant-scène de l'actualité politique en inscrivant dans le programme électoral de leur parti que «le Bloc québécois se réserve la possibilité de soutenir une coalition de partis politiques» si un autre gouvernement minoritaire est élu.

Réaction des conservateurs

C'est la première fois qu'un parti ouvre ainsi son jeu dans son programme. Il n'en fallait pas plus pour que le Parti conservateur accuse les libéraux et les néo-démocrates de vouloir recréer la fameuse coalition qu'ils avaient formée en décembre 2008 pour arracher le pouvoir des mains des conservateurs deux mois seulement après leur réélection.

«Une fois de plus, la coalition entre les libéraux, le NPD et le Bloc refait surface. En 2008, les Canadiens se sont vivement opposés à une dangereuse coalition dirigée par Ignatieff. C'est toujours le cas, et nous les appuyons», a affirmé hier le ministre du Patrimoine, James Moore, dans un courriel envoyé à La Presse.

«Les Canadiens n'ont pas besoin d'un chef opportuniste qui fait passer son ambition personnelle avant les intérêts, la stabilité et la sécurité du Canada. Les Canadiens ne veulent pas donner un droit de veto à un parti qui veut déchirer le pays. Les Canadiens ne peuvent pas se permettre que le NPD gère l'économie en une période de fragile reprise économique», a-t-il affirmé.

En 2008, le Parti libéral, alors dirigé par Stéphane Dion, avait conclu un accord avec le NPD pour former un gouvernement de coalition appuyé par le Bloc québécois pendant une période d'au moins 18 mois. Les partis de l'opposition avaient décidé d'unir leurs forces après que le ministre des Finances, Jim Flaherty, eut annoncé son intention d'abolir les subventions versées par l'État aux partis politiques. Cette manoeuvre, qui a provoqué une véritable crise politique à Ottawa, aurait eu pour effet d'étrangler financièrement les partis de l'opposition, en particulier le Parti libéral.

Le premier ministre Stephen Harper a été contraint de proroger les travaux de la Chambre des communes pour éviter la tenue d'un vote sur une motion de censure qui aurait provoqué la chute de son gouvernement.

L'idée d'une coalition pour renverser les conservateurs était populaire au Québec, mais elle était rejetée par une forte majorité des autres Canadiens.

Depuis cette crise, Stephen Harper a soutenu à quelques reprises que les trois partis n'hésiteront pas à récidiver après les prochaines élections si les conservateurs n'obtiennent pas la majorité des 308 sièges aux Communes.

Refus libéral

Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a écarté à maintes reprises l'idée de former un gouvernement de coalition avec le NPD s'il n'obtient pas assez de sièges pour prendre le pouvoir. Hier, le lieutenant politique de M. Ignatieff au Québec, le député Marc Garneau, a répété que le Parti libéral n'a pas l'intention de s'allier au NPD.

Pour sa part, Gilles Duceppe a affirmé que son parti appuie les mesures qui sont favorables au Québec, quel que soit le parti qui les propose. «C'est en tout point conforme à la ligne que l'on s'est donnée. Quand il y a des propositions qui nous sont faites, par qui que ce soit, on ne vote pas l'étiquette. On a appuyé deux fois des budgets conservateurs et on a appuyé les propositions de la coalition la dernière fois, d'autant plus qu'elle reprenait les nôtres», a-t-il affirmé.