Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, a minimisé l'importance d'une nouvelle analyse critiquant la politique d'agrandissement des prisons de son gouvernement comme étant un déni de la baisse des taux de criminalité.

L'avocat criminaliste torontois Edward Greenspan et le criminologue Anthony Doob, de l'Université de Toronto, ont publié mardi un rapport intitulé «Faites le calcul : les taux de criminalité baissent».

Leur étude se base sur des données de Statistique Canada qui indiquent que le nombre de crimes violents a diminué depuis l'an 2000. L'agence fédérale a indiqué l'été dernier que le nombre de meurtres, de voies de fait graves, d'agressions sexuelles et de cambriolages était toujours en baisse en 2009.

Le gouvernement Harper prévoit dépenser des milliards de dollars pour des politiques d'emprisonnement plus sévères, une question qui pourrait s'avérer importante lors de la prochaine campagne électorale. Ces mesures représentent également d'énormes coûts pour les provinces, déjà aux prises avec des prisons surpeuplées.

Au dire de M. Toews, le taux de criminalité n'a rien à voir avec une personne dangereuse qui serait libre dans nos rues. Le ministre a ajouté que le gouvernement se concentre sur l'incarcération des personnes pouvant présenter un danger pour la population.

M. Toews a également déclaré que ce n'est pas le taux de criminalité qui baisse, mais plutôt le nombre de signalements.

Les conservateurs mettent l'accent sur la hausse de certains crimes violents - les tentatives de meurtre, l'extorsion, les crimes commis avec des armes à feu et le harcèlement criminel.

Les remarques du ministre trouvent un certain écho dans une controversée étude critique publiée plus tôt ce mois-ci sur la façon dont Statistique Canada compile ses données. Ce rapport, commandé par le Macdonald-Laurier Institute et produit par Scott Newark, un ancien conseiller du gouvernement Harper, a été vertement critiqué par les criminologues comme étant une gênante déformation politique de données judiciaires.

«Imposer des peines plus sévères et mettre davantage de gens en prison n'aidera pas du tout à faire diminuer la criminalité», a soutenu mardi le criminologue Doob.