Le gouvernement canadien a saisi au cours des derniers jours plus de 2 milliards de dollars d'actifs au Canada appartenant à la Libye, au régime du dictateur Mouammar Kadhafi, à sa famille et à certains de ses collaborateurs.

Selon des informations obtenues par La Presse, lundi soir, les diverses agences gouvernementales ont passé les derniers jours à dresser la liste exhaustive des avoirs du régime libyen en sol canadien. Bien qu'il ait été impossible de connaître les détails des actifs qui ont été saisis, le montant dépasse les 2 milliards de dollars. Ces avoirs seront saisis tant et aussi longtemps que le régime de Kadhafi n'aura pas quitté le pouvoir.

Armes et munitions

Le gouvernement Harper a décidé de décréter un gel de ces actifs, comme le stipule la résolution 1970 sur les sanctions contre la Libye adoptée à l'unanimité samedi par le Conseil de sécurité des Nations unies, pour éviter que de l'argent déposé dans des institutions financières canadiennes soit utilisé par le régime de Kadhafi «pour acheter des munitions pour tuer des civils innocents ou bafouer les droits de la personne», a-t-on fait valoir.

Ces sanctions comprennent l'application d'un embargo sur les armes, une interdiction de voyager au leader Kadhafi et à 15 de ses proches, à savoir ses fils, sa fille et certains de ses fidèles partisans ainsi qu'un gel de leurs biens.

Le Canada est toutefois allé plus loin en gelant tous les biens appartenant à la Libye et en interdisant toute transaction d'ordre financière avec le gouvernement libyen, de même qu'avec les institutions et agences de la Libye, dont la Banque centrale du pays.

Tentative de retrait

Plus tôt en journée, le leader du gouvernement en Chambre, le ministre John Baird, a indiqué que le régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi avait tenté de retirer de l'argent qui se trouve dans des institutions financières canadiennes depuis le début de la crise qui secoue la Libye.

M. Baird a toutefois refusé de dire combien d'argent le régime libyen avait tenté de retirer. «Nous sommes au courant de transactions financières spécifiques du régime libyen dans des institutions financières au Canada et les actions de notre gouvernement ont permis de les bloquer. Il y avait des cas spécifiques qui ont été soumis à notre attention», a dit M. Baird.

Le ministre a aussi indiqué lundi que les entreprises canadiennes qui sont présentes en Libye, comme la québécoise SNC-Lavalin, peuvent poursuivre leurs activités commerciales, mais doivent cesser toute activité financière avec le régime au pouvoir. SNC-Lavalin a obtenu un contrat pour la construction d'un centre de détention en Libye avant le soulèvement populaire.

30 milliards bloqués aux États-Unis

Deux alliés du Canada ont aussi affirmé lundi avoir saisi des biens appartenant au régime libyen. En effet, les États-Unis ont bloqué 30 milliards de dollars d'actifs libyens depuis les sanctions annoncées vendredi par la Maison-Blanche, a indiqué  David Cohen, le secrétaire d'État au Trésor par intérim chargé de la lutte contre le terrorisme et du renseignement financier. Selon lui, il s'agit du plus grand gel de fonds jamais réalisé par Washington.

Pour sa part, la Grande-Bretagne a annoncé hier avoir mis en échec un plan du leader Mouammar Kadhafi pour faire sortir du pays l'équivalent d'un 1,4 milliard de dollars canadiens.

Le Bloc québécois a salué la décision du gouvernement canadien de geler rapidement les avoirs de Kadhafi, mais il a critiqué la lenteur d'Ottawa de saisir les avoirs de la famille Ben Ali, l'ex-dictateur de la Tunisie.

Le gouvernement Harper a rétorqué que le Conseil de sécurité a adopté une résolution pour geler les avoirs de Kadhafi, ce qui n'est pas le cas pour la famille Ben Ali. Les autorités canadiennes attendent toujours certains documents de la Tunisie pour pouvoir entreprendre le gel des avoirs de la famille Ben Ali tout en respectant le droit canadien.

Par ailleurs, 33 Canadiens supplémentaires ont été évacués de la Libye lundi. Ces Canadiens ont été ramenés à Malte à bord du navire britannique HMS Cumberland. Cela porte à quelque 270 le nombre de Canadiens qui ont été évacués jusqu'ici de la Libye, théâtre d'une confrontation sanglante entre des manifestants qui réclament le départ de Mouammar Kadhafi et les partisans du dictateur libyen.

Le directeur des communications du premier ministre, Dimitri Soudas, a aussi indiqué qu'un avion de transport militaire C-17 transportant 55 personnes, dont un Canadien, a atterri dans l'île de Malte, lundi.

Enfin, M. Harper s'est entretenu lundi avec le président des États-Unis, Barack Obama au sujet de la situation qui a cours en Libye et les événements qui sévissent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord depuis quelques semaines.

- Avec La Presse Canadienne et AFP