Les 65 avions furtifs F-35 que compte acheter le gouvernement Harper pour les Forces armées canadiennes coûteront presque deux fois plus cher que prévu, selon les calculs du directeur parlementaire du budget (DPB), Kevin Page.

Le gouvernement Harper s'est de nouveau retrouvé sur la défensive, jeudi, à la suite de la publication du rapport de M. Page, qui évalue à 29,3 milliards de dollars le coût de ces avions et de leur entretien pendant 30 ans.

Jusqu'ici, le ministre de la Défense, Peter MacKay, avait soutenu que l'achat de ces avions ultramodernes, qui doivent remplacer les CF-18 à partir de 2017, coûterait environ 9 milliards de dollars et leur entretien, 7 milliards de dollars pendant 20 ans.

Dans son rapport, M. Page soutient que le coût de construction d'un avion de combat a crû de façon exponentielle depuis 60 ans. Il est passé de moins de 1000$ le kilogramme en 1950 à 10 000$ aujourd'hui. En outre, le poids moyen des avions a doublé tous les 18 ans depuis 1950.

«Sur la base de ces tendances historiques et des facteurs de coût pertinents, le DPB estime à environ 29,3 milliards de dollars américains le coût de propriété total des 65 appareils sur 30 ans. Cela comprend le coût d'achat et les coûts de soutien à long terme», dit le rapport.

M. Page soutient aussi que la mise au point du nouvel avion a pris un retard important - au moins cinq ans - qui risque d'augmenter. De plus, la mise au point a déjà coûté 21 milliards de dollars de plus que le budget initialement prévu.

Dans son rapport d'une soixantaine de pages, Kevin Page affirme que le Canada n'a signé «aucun contrat obligatoire d'achat et n'est nullement tenu - en vertu de lois nationales et internationales - d'acheter l'appareil».

M. Page a rédigé ce rapport à la demande des députés libéraux Dominic LeBlanc et Ujjal Dosanjh. Le Parti libéral a promis d'annuler l'achat de ces appareils s'il remporte les prochaines élections et de lancer un appel d'offres.

Cette décision soulève la controverse depuis quelques mois parce que le gouvernement Harper a annoncé son intention d'acheter sans appel d'offres ces avions de la société américaine Lockheed Martin. En outre, le gouvernement n'obligera pas le constructeur américain à investir l'équivalent de la valeur des achats en retombées économiques au pays.

Aux Communes, jeudi, le député Dominic LeBlanc a affirmé que le rapport de M. Page confirme les doutes de son parti: «Les conservateurs cachaient la vérité aux Canadiens. Trente milliards de dollars, c'est le double de ce que les conservateurs disaient. Trente milliards de dollars, c'est l'équivalent du transfert du gouvernement fédéral aux provinces pour la santé. On comprend maintenant pourquoi ils voulaient cacher la facture. (...) Soixante-cinq avions de chasse, c'est aussi important que tous les médecins, les hôpitaux et les infirmières au Canada.»

Le Bloc québécois, qui appuyait l'achat de ces nouveaux avions dans le passé, a pour sa part annoncé qu'il se ralliait au camp des opposants. Gilles Duceppe s'est dit «estomaqué» des conclusions de Kevin Page.

Le gouvernement a toutefois maintenu ses prévisions de coûts. À Toronto, jeudi, M. Harper a affirmé que son gouvernement avait choisi les F-35 «parce que c'est la seule option» qui répond aux besoins des Forces armées canadiennes.