Les conservateurs et les trois partis de l'opposition affûtent leurs armes en prévision d'un vote décisif qui aura lieu vendredi à la Chambre des communes sur l'avenir du gouvernement minoritaire de Stephen Harper.

Avant la tenue de ce vote, qui conclura une semaine riche en rebondissements, le ministre des Finances, Jim Flaherty, déposera son budget demain.

Aujourd'hui, un comité parlementaire, composé d'une majorité de députés de l'opposition, remettra un rapport au président de la Chambre des communes, Peter Milliken, dans lequel on jugera que le gouvernement Harper est coupable d'outrage au Parlement - une première dans l'histoire du pays - pour son refus de fournir les coûts précis de ses réformes en matière de justice criminelle.

Un autre comité parlementaire doit aussi reconnaître la ministre responsable de l'Agence canadienne de développement international, Bev Oda, coupable d'outrage au Parlement - aussi une première - pour avoir induit en erreur la Chambre des communes dans le dossier du financement de l'organisme Kairos.

Motion de censure

Hier, le chef libéral, Michael Ignatieff, a laissé planer peu de doute sur ses intentions de déposer une motion de censure contre le gouvernement durant la journée de l'opposition qui sera accordée à son parti, vendredi.

«Nous croyons que M. Harper ne respecte pas les principes fondamentaux de notre démocratie. Nous allons attendre de voir le rapport du comité. C'est un enjeu important. Nous n'hésiterons pas à faire certains gestes si le comité reconnaît le gouvernement Harper coupable d'outrage», a affirmé M. Ignatieff au réseau CTV dans le cadre de l'émission Question Period.

Les stratèges libéraux tiennent à ce que le vote aux Communes qui mettra fin au présent mandat du gouvernement porte sur les récentes controverses qui ont éclaboussé les conservateurs, notamment en matière d'éthique et d'abus de pouvoir.

Le bureau du premier ministre a donné l'ordre à tous les députés d'être présents en Chambre pour le vote sur cette motion de censure, vendredi après-midi. Portés au pouvoir en 2006 et réélus en 2008, les conservateurs ont besoin de l'appui d'un des trois partis de l'opposition pour assurer leur survie aux Communes.

Votes de confiance

S'ils évitent ce premier écueil, les conservateurs devront aussi survivre à deux autres votes de confiance le même jour portant sur l'adoption de crédits budgétaires. En somme, la majorité des observateurs accordent peu de chances aux conservateurs de se maintenir au pouvoir au-delà de cette semaine. Si le gouvernement Harper est renversé aux Communes, les Canadiens seront convoqués aux urnes le 2 mai au plus tôt.

Concessions peu probables

Le gouvernement Harper pourrait assurer sa survie en faisant suffisamment de concessions à l'opposition dans son budget pour obtenir l'appui d'un des trois partis adverses. Or, il semble peu probable que cela se produise.

La semaine dernière, Stephen Harper a de nouveau écarté la demande des libéraux de Michael Ignatieff d'annuler les baisses d'impôts aux entreprises entrées en vigueur le 1er janvier. Et même si les négociations progressent entre Ottawa et Québec dans le dossier de l'harmonisation de la TPS et de la TVQ, le gouvernement Charest n'obtiendra pas dans le budget les 2,2 milliards de dollars en compensation qu'il réclame.

Le versement de cette compensation fait partie des exigences du Bloc québécois. «Ce ne sera pas dans le budget», a affirmé à La Presse une source digne de foi. Il est aussi hautement improbable que le NPD obtienne ce qu'il souhaite dans le budget, soit l'élimination de la TPS sur les factures de chauffage, le rétablissement des programmes de rénovation domiciliaire, une amélioration des régimes de retraite ou encore l'embauche de nouveaux médecins.

Si des élections ont lieu en mai, il s'agira du quatrième scrutin en sept ans. Chaque scrutin coûte environ 300 millions de dollars aux contribuables.