«Le fait que le gouvernement n'a pas présenté les documents constitue un outrage au Parlement.»

Cette courte phrase a marqué l'histoire politique canadienne, hier.

C'est la première fois qu'un gouvernement dans son ensemble est reconnu coupable d'outrage au Parlement par un comité de la Chambre des communes.

Hier, les membres conservateurs du comité ont cherché à minimiser la déclaration, qu'ils ont qualifiée de «manoeuvre politique partisane». «Il est clair que les députés de l'opposition ont jugé les résultats des audiences avant même qu'elles ne débutent», peut-on lire dans leur rapport dissident.

Les députés devront voter dans les prochains jours sur l'adoption de ce rapport, remis à la Chambre des communes hier après-midi. Si un tel vote n'a pas de conséquence directe, le verdict est à ce point sérieux qu'il pourrait encourager les partis de l'opposition à défaire le gouvernement.

Budget crédible?

Sitôt le rapport rendu public, les libéraux ont présenté de nouveaux arguments contre le maintien des troupes de Stephen Harper au pouvoir.

«Ce rapport d'outrage - une première dans l'histoire du Canada et du Commonwealth - est le résultat de l'abus de pouvoir du régime de Harper», a déclaré le chef Michael Ignatieff par voie de communiqué.

«Comment pouvons-nous croire que le budget de demain ait la moindre crédibilité?» ajoute-t-il.

Le chef du NPD, Jack Layton, a plutôt indiqué qu'il jugerait le budget à son contenu. «On a fait plusieurs propositions pour un bon budget pour le Canada et on attend de l'action de la part du gouvernement», a-t-il dit.

«Par rapport aux autres motions, a ajouté M. Layton, on va les lire quand quelqu'un va les présenter à la Chambre des communes, plus tard cette semaine.»

Le gouvernement a été accusé d'outrage parce qu'il a refusé de fournir aux députés les détails qu'ils réclamaient sur les coûts de projets de loi en matière de justice criminelle, de l'achat des avions militaires F-35 et des baisses d'impôts accordées aux entreprises.