Le Parti libéral du Canada doit d'abord et avant tout reconstruire sa base au Québec s'il veut reconquérir le pouvoir un jour, estiment des libéraux influents.

Le Parti libéral, qui a dirigé le pays pendant les trois quarts du dernier siècle, a réussi à faire la pluie et le beau temps au pays parce qu'il avait des racines profondes au Québec.

Au fil des années, ces racines ont été durement amochées selon des libéraux interrogés hier, au point où le Parti libéral ne compte plus que sept sièges au Québec. Dans l'ensemble du pays, les libéraux ont remporté 34 sièges en tout et obtenu 18,9% des suffrages, le pire résultat de leur histoire. «La reconstruction de notre parti passe par le Québec. Cela ne fait aucun doute. Si on ne fait pas cela, on va manquer notre coup», a lancé hier un libéral qui a requis l'anonymat.

La dernière fois que le Parti libéral a remporté la majorité des sièges au Québec remonte à 1980, alors que Pierre Trudeau était le chef du parti. Les libéraux avaient alors obtenu 74 sièges. Mais le rapatriement de la Constitution en 1981 sans le consentement du Québec lui a valu une cinglante défaite en 1984.

Il a ensuite remonté la pente tranquillement jusqu'aux élections de 2000, année où le parti a remporté 36 sièges. Mais le scandale des commandites a relancé la colère des électeurs du Québec en 2004. Depuis, le Parti libéral encaisse des revers dans la province.

Dans une lettre ouverte aux militants libéraux envoyée mercredi soir, le président du PLC, Alfred Apps, a affirmé que les années à venir seront difficiles et a lancé un appel à l'unité des troupes.

«Nous devons admettre que nous avons à relever un défi sans précédent dans notre histoire. Au cours des semaines et des mois qui viennent, l'avenir de notre parti dépendra plus que jamais du maintien de notre unité, de l'élargissement de notre vision et de ce que nous envisageons froidement comme étant les mesures à prendre», a affirmé M. Apps.

«Tout en réfléchissant au cours des prochains jours, de manière sobre et respectueuse, au jugement porté par les Canadiens, nous devons admettre que la contribution remarquable de notre parti à l'histoire du Canada n'a jamais été le gage de sa prospérité et de ses succès futurs. Pour mériter à nouveau la confiance des Canadiens, nous devrons absolument reprendre confiance en nous-mêmes et dans la pertinence de nos valeurs. Cela prendra du temps et ce ne sera pas facile», a-t-il ajouté.

Les libéraux se réuniront en caucus la semaine prochaine à Ottawa. Les candidats élus et ceux qui ont été défaits seront à la rencontre. Les instances du parti devront également déterminer la date du congrès qui permettra d'élire le prochain chef libéral.

Certains libéraux souhaiteraient que ce congrès ait lieu au plus tôt l'an prochain. Dans l'intervalle, le député libéral Bob Rae ou encore son collègue Ralph Goodale pourrait assurer l'intérim.

La liste des candidats potentiels est déjà assez longue: les députés libéraux Dominic LeBlanc, Denis Coderre, Justin Trudeau pourraient être sur les rangs, tout comme l'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon, qui n'a pas réussi à reprendre la circonscription d'Outremont des mains du néo-démocrate Thomas Mulcair au scrutin de lundi.

Interrogé hier au sujet de ses intentions, M. Cauchon a été prudent. Il a toutefois indiqué que le Parti libéral est loin d'être condamné à la disparition.

«Les gens qui disent que le Parti libéral est fini font fi de l'histoire. Ils font fi également des racines du parti, des valeurs de notre parti. En 1984, nous avons été réduits à 40 sièges. On a rebâti. Nous avons toujours été un parti qui a été capable de se rebâtir», a dit M. Cauchon.

Il a ajouté que le parti dispose de quatre ans pour refaire ses forces.

Par ailleurs, l'ancien chef libéral Michael Ignatieff n'a pas tardé à trouver un nouveau boulot. M. Ignatieff enseignera au Collège Massey de l'Université de Toronto à partir de septembre.