Le Bloc québécois doit entreprendre une profonde réflexion sur son avenir à la suite de sa cinglante défaite aux élections du 2 mai, estime l'ancien député bloquiste d'Hochelaga, Daniel Paillé.

Car avant de désigner un nouveau conducteur, il faut déterminer si le véhicule qu'est le Bloc québécois est toujours utile à la cause souverainiste, a affirmé à La Presse hier M. Paillé, qui est vu comme un possible successeur au chef démissionnaire Gilles Duceppe.

Au dernier scrutin, le Bloc québécois a perdu 43 des 47 sièges qu'il détenait à Ottawa. Les poids lourds du parti - Gilles Duceppe, Pierre Paquette, Daniel Paillé, Bernard Bigras et Claude Bachand, entre autres - ont tous été emportés par la vague néo-démocrate qui a déferlé sur le Québec.

Résultat: le Bloc québécois, qui n'a récolté que 23,4% des suffrages, ne compte plus que 4 députés. Il n'est plus reconnu comme parti à la Chambre des communes (il faut détenir au moins 12 sièges), n'a plus de chef et doit entreprendre une difficile reconstruction.

M. Paillé compte profiter de l'été pour faire le tour du Québec et consulter les militants avant de décider s'il se portera candidat à la succession de M. Duceppe.

Un premier candidat pourrait se manifester dès aujourd'hui à Laval, à l'occasion du premier caucus du Bloc québécois depuis les élections. Il s'agit de Pierre Paquette, ancien leader parlementaire, qui a été défait par la néo-démocrate Francine Raynault dans Joliette.

M. Paquette aurait déjà l'appui d'au moins quatre ex-députés, soit Francine Lalonde, Carole Lavallée, Nicole Demers et Luc Desnoyers, selon Le Devoir.

«Est-ce que je laisse les portes ouvertes? Il n'y a plus de portes. Le tsunami a tout emporté. Il reste cependant 75 fondations. On va aller voir. Aujourd'hui, c'est assez rapide de dire oui, on se lance dans un leadership. Ce n'est pas une auto dont on change le conducteur. Le conducteur était pas mal bon. Il était le meilleur. On ne peut pas juste dire qu'on garde le même char et qu'on va juste changer de conducteur. C'est mon avis», a dit M. Paillé.

«Correction sévère»

Dans une lettre percutante publiée dans nos pages Forum, M. Paillé affirme que les membres du Bloc québécois doivent prendre acte de «la correction sévère» subie la semaine dernière.

«Aussi massivement rejetés, nous avons le devoir de réfléchir ensemble. Réfléchir jusqu'où? Jusqu'au bout. Il ne faut surtout pas "faire semblant" que la question de la pertinence d'un parti souverainiste à Ottawa n'a pas été posée. Le Bloc aurait-il fait son temps? Vingt ans, c'est long. Assez en tout cas pour les avoir célébrés, ce qui a fait penser à bien du monde qu'une génération était passée», affirme M. Paillé.

«Le Québec a parlé au Bloc et il faut d'urgence en saisir tous les mots, toutes les subtilités. En faisant le tour des régions, je me propose d'aller à la rencontre des militants, des exécutifs et des candidats pour écouter, décanter, approfondir, apporter un regard nouveau, différent sur ce qui est arrivé et sur ce qui est à faire», ajoute-t-il.

Gilles Duceppe, qui a dirigé le Bloc québécois pendant 14 ans, participera à la réunion d'aujourd'hui à Laval. Il tiendra aussi son premier point de presse depuis le 2 mai.