Le premier ministre Stephen Harper a joué presque toutes les cartes que les électeurs du Québec lui ont données le 2 mai: il a nommé au cabinet quatre des cinq députés conservateurs élus dans la province.



Néanmoins, dans un cabinet qui compte 38 ministres, le Québec n'occupera qu'environ 10% des sièges. L'Ontario, qui a permis à Stephen Harper de former un gouvernement majoritaire en élisant 73 députés conservateurs, obtient près de la moitié des postes (15 en tout).

S'il a confié des responsabilités à seulement 10 femmes, M. Harper a tenu à mieux représenter la mosaïque canadienne en nommant 3 ministres issus des communautés ethnoculturelles et un leader de la communauté innue.

Dans ce jeu de chaises musicales, le premier ministre a pris soin d'accorder des promotions aux ministres Denis Lebel et Christian Paradis, qui ont survécu à la vague orange au Québec, de confier de nouveau des responsabilités à Maxime Bernier et de faire entrer Steven Blaney au cénacle.

Denis Lebel obtient donc l'important ministère des Transports et reste responsable du développement régional du Québec. Christian Paradis passe pour sa part des Ressources naturelles à l'Industrie et demeure le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec.

Pour sa part, Maxime Bernier obtient un poste secondaire après un purgatoire de trois ans. Le député de Beauce se voit confier le poste de ministre d'État responsable des petites entreprises et du tourisme. Enfin, Steven Blaney obtient le ministère des Anciens Combattants.

Avant les élections, le Québec comptait cinq ministres, mais trois n'ont pas été réélus, soit Lawrence Cannon, Josée Verner et Jean-Pierre Blackburn.

Stephen Harper a affirmé hier que le Québec sera bien représenté malgré tout. «Nous avons un petit caucus au Québec. Mais quand même, ce sont des députés très forts. Ce sont toujours les députés très forts qui gagnent lorsqu'il y a une vague. Et je crois que nos ministres du Québec vont servir les Canadiens, les Québécois, le gouvernement d'une façon très efficace», a dit le premier ministre.

Dans le but de favoriser la stabilité, Stephen Harper maintient en poste les ministres Jim Flaherty (Finances), Rob Nicholson (Justice), Peter MacKay (Défense), Vic Toews (Sécurité publique), Rona Ambrose (Travaux publics), Diane Finley (Ressources humaines), Gerry Ritz (Agriculture), Peter Kent (Environnement), John Duncan (Affaires autochtones) et Bev Oda (ACDI) dans leurs fonctions.

Homme de confiance de Stephen Harper, John Baird obtient le ministère des Affaires étrangères, que détenait Lawrence Cannon.

Tony Clement quitte le ministère de l'Industrie pour devenir président du Conseil du Trésor. Il sera ainsi appelé à jouer un rôle important dans la réduction des dépenses de l'État et l'élimination du déficit d'ici à 2015.

À la surprise générale, Jason Kenney conserve le ministère de l'Immigration, même si plusieurs s'attendaient à ce que ses efforts pour courtiser les communautés ethnoculturelles dans la région de Toronto soient récompensés. James Moore garde aussi le ministère du Patrimoine tandis que Leona Aglukkaq demeure à la Santé et Lisa Raitt conserve le ministère du Travail.

Deux ministres se sont échangé leurs responsabilités. Il s'agit de Gail Shea, qui passe des Pêches au Revenu, et de Keith Ashfield, qui obtient le ministère des Pêches après son passage au ministère du Revenu.

En tout, neuf nouveaux ministres accèdent au cabinet. Le seul député conservateur de Terre-Neuve, Peter Penashue, leader de la communauté innue, obtient le ministère des Affaires intergouvernementales; Joe Oliver, de la région de Toronto, devient ministre des Ressources naturelles; Edward Fast, de la Colombie-Britannique, ministre du Commerce international et ministre de la Porte d'entrée de l'Asie-Pacifique. Il succède ainsi à Peter Van Loan, qui revient au poste de leader du gouvernement en Chambre.

Député francophone du Nouveau-Brunswick et ancien ministre dans le gouvernement conservateur de Brian Mulroney, Bernard Valcourt est nommé ministre d'État responsable de l'Agence de promotion économique du Canada Atlantique et ministre responsable de la Francophonie.

Pour consolider ses acquis dans les communautés ethnoculturelles, M. Harper a nommé à des postes de ministres d'État Tim Uppal (Réforme démocratique), Alice Wong (Aînés) et Bal Gosal (Sports).

«N'importe quel entraîneur de hockey vous dira que, pour qu'une équipe continuer à gagner, elle doit conserver un noyau de vétérans et y ajouter graduellement de nouveaux talents. Je suis fier de dire que notre équipe peut compter sur une liste de candidats solides, plus solides que jamais. Il y a de nouveaux députés prometteurs et de nombreux vétérans qui méritent des promotions», a dit M. Harper.

Le chef de l'opposition officielle, Jack Layton, estime quant à lui que le cabinet manque de sang neuf et qu'on y compte bien peu de femmes. «Les Canadiens veulent savoir ce dont on va parler au prochain Parlement, a-t-il dit. Est-ce qu'on aura des ministres pour les préoccupations des gens ou des ministres pour des banques ou de grands pollueurs, comme on l'a vu depuis longtemps avec le gouvernement conservateur? Notre priorité, c'est de travailler avec toutes les familles du pays. M. Harper a brassé les cartes, aujourd'hui, mais des questions persistent. Est-ce que tous les Canadiens dans toutes les régions du pays vont être traités équitablement?»

Le chef du NPD est toutefois prêt à laisser une chance au coureur. La Chambre des communes reprend ses travaux le 2 juin.