Le Canada est le seul pays du G7 à ne pas appliquer efficacement ses lois anti-corruption auprès des entreprises canadiennes actives à l'étranger, selon Transparency International, qui déplore le manque d'engagement du premier ministre Stephen Harper dans ce dossier.

Pour la septième année consécutive, l'organisation a classé Ottawa parmi les gouvernements qui «font peu ou pas respecter» leurs lois anti-corruption, malgré la signature de la Convention contre la corruption de l'OCDE.

Le rapport fait valoir que «la principale cause des problèmes d'application des lois est le manque d'engagement des dirigeants politiques».

Le Canada est le plus grand exportateur, et de loin, parmi les 21 pays qui manquent à leurs engagements, selon Transparency International. Deux et demi pour cent des exportations mondiales proviennent du Canada.

La Bulgarie, l'Estonie, la Grèce et la Slovénie font aussi partie de ce groupe, tout comme Israël, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

En mars dernier, l'OCDE avait publié son propre bulletin, qui concluait que «le régime d'application de la Loi sur la corruption d'agents publics étrangers demeure problématique dans plusieurs zones».

Il s'agit d'une inquiétude particulière, a affirmé l'OCDE, en raison du grand nombre d'«industries à haut risque» établies au Canada, dont les trois quarts des sociétés minières de la planète.

Le septième rapport annuel de Transparency International se désole de l'absence de grands changements chez les 38 signataires de la Convention contre la corruption, 10 ans après sa ratification. L'organisation montre aussi du doigt certains pays industrialisés, dont le Canada, pour leur manque d'efforts dans le dossier.

Une seule condamnation pour corruption a été prononcée au Canada au cours de la dernière décennie. Une entreprise a été condamnée à verser une amende de 25 000 $, une somme moindre que celle du pot-de-vin lui-même.

Le rapport de Transparency International recommande que le Canada «montre publiquement sa volonté de faire respecter» les lois anti-corruption.

Le rapport note toutefois que 23 enquêtes pour corruption ont été ouvertes l'année dernière au Canada, ce qui pourrait suggérer une volonté du gouvernement canadien de sévir dans ce domaine.

«Notre gouvernement prend la corruption au sérieux, peu importe où elle survient sur la planète», a affirmé un porte-parole du premier ministre Harper, Andrew McDougall, dans un courriel.

«Nous avons des mesures sévères en place pour combattre la corruption et nous continuerons à prendre les mesures appropriées.»

M. McDougall a ajouté que le gouvernement se pencherait plus attentivement sur le rapport de Transparency International avant de faire d'autres commentaires.

Dans son rapport, Transparency International accuse le système judiciaire canadien de «mal gérer les cas complexes de criminels en cravate».

L'organisation souligne aussi le manque de ressources injectées par le gouvernement dans ce dossier. La Gendarmerie royale du Canada ne compte que 14 officiers dans son unité anti-corruption, qui doit en plus s'occuper de dossiers qui ne sont pas liés aux pots-de-vin.

Le porte-parole néo-démocrate en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar, a affirmé que le rapport constituait un «oeil au beurre noir pour le Canada».

Il fait particulièrement mal au gouvernement Harper, a-t-il estimé, parce qu'Ottawa affirme depuis plusieurs années avoir fait de la transparence et de la lutte contre la corruption une priorité.