Le chef du NPD, Jack Layton, a profité de la toute première réunion de son nouveau caucus, hier, pour rappeler à ses députés qu'ils ont une lourde responsabilité depuis le 2 mai: défendre les intérêts du Québec à la Chambre des communes.

Le NPD, qui a raflé la majorité des 75 sièges du Québec pour la première fois de son histoire, doit maintenant être à la hauteur des attentes des Québécois, a affirmé M. Layton. «Les Québécois ont fait confiance au NPD pour les représenter au Parlement. C'est une très grande responsabilité, et tous les députés du NPD l'ont à coeur. Dans ce Parlement, nous allons travailler sans relâche pour répondre aux attentes», a dit M. Layton, qui a prononcé près de la moitié de son discours en français.

«Aux Québécois, mon message est clair: vous pouvez compter sur moi pour défendre vos intérêts», a-t-il ajouté.

Nouvelle façon de faire

Depuis 20 ans, le Bloc québécois avait réussi à se présenter comme le seul parti capable de défendre les intérêts du Québec sans avoir à faire de compromis avec des députés d'autres provinces.

Élections après élections, il avait ainsi obtenu la majorité des sièges au Québec - jusqu'à 54 en 1993 et en 2004. Durant la dernière campagne électorale, Gilles Duceppe a tenu le même discours, mais le résultat a été fort différent. Le NPD a remporté 59 sièges, le Parti libéral, 7, le Parti conservateur, 5 et le Bloc québécois, seulement 4.

«Au Québec, le message est sans équivoque, a dit M. Layton. Les Québécois ont voté pour le changement. Ils nous ont dit qu'ils en avaient assez des vieux débats et de la vieille façon de faire de la politique. Pendant les élections, le NPD a proposé une nouvelle façon de faire à Ottawa. Un projet rassembleur, où les parlementaires travaillent ensemble et trouvent des solutions concrètes. Les Québécois ont adopté ce projet. Et c'est ce que le NPD s'engage à mettre de l'avant.»

Appui des députés

Les nouveaux députés du Québec ont tenu des propos semblables après le discours de leur chef.

«Nous avons la capacité de défendre les intérêts du Québec. Ce n'est pas un monopole du Bloc québécois, même s'il se l'était arrogé avec les années. Il y a des verts, des libéraux, des néo-démocrates, même des conservateurs qui sont capables de défendre les intérêts du Québec. Regardez-nous aller au cours des quatre prochaines années, nous allons le faire», a affirmé Alexandre Boulerice, nouveau député de Rosemont-La Petite-Patrie.

Le jeune député a soutenu qu'il y a plusieurs dossiers dans lesquels les intérêts du Québec ne sont pas incompatibles avec ce que préconisent les progressistes des autres provinces. Il a cité la lutte contre les changements climatiques et la protection des régimes de retraite, entre autres choses.

Il a reconnu que les députés du Québec ne gagneront pas toutes les batailles qu'ils mèneront dans leur caucus. «Je viens d'un syndicat qui compte 110 000 membres au Québec. Il y a de petites sections locales, de grosses sections locales, des municipalités, du monde de la santé, des universitaires. Des fois, ce sont les priorités des uns qui sont mises de l'avant. D'autres fois, ce sont celles des autres. Il faut faire des compromis. C'est cela, la politique.»

Souffle de jeunesse

Les députés plus anciens du NPD cachaient mal leur satisfaction de voir l'arrivée de plusieurs députés du Québec. À la blague, le député de Winnipeg, Pat Martin, a affirmé qu'il se sentait soudainement comme un vieux routier de la politique.

«Il n'y a pas assez de vieux grincheux comme moi! Je me sens isolé, tout à coup! Il ne faut surtout pas que je prenne mes nouveaux collègues pour des adjoints politiques ou des pages à la Chambre des communes!»