Le Parti libéral du Canada a choisi Bob Rae comme chef intérimaire, mercredi, et se donne environ deux ans pour trouver un chef permanent.



M. Rae en a fait lui-même l'annonce à Ottawa mercredi midi, à la suite d'une réunion où les 34 députés et 45 sénateurs libéraux ont eu à choisir par scrutin secret entre l'ancien premier ministre de l'Ontario et le député montréalais Marc Garneau.

Le PLC n'a pas de chef depuis la démission de Michael Ignatieff, il y a trois semaines, au lendemain de la pire défaite électorale de l'histoire du parti.

Lorsqu'il a offert ses services à ses collègues, la semaine dernière, Bob Rae a posé comme condition que l'intérim dure au moins un an et demi. Selon les règles actuelles du parti, le chef par intérim n'aura toutefois pas le droit de se porter candidat à la direction. Plusieurs libéraux estiment que ces règles pourraient changer, mais M. Rae a écarté cette possibilité, mercredi, lors de son point de presse.

«La garantie que je donne, c'est ce que j'ai dit au caucus: il y a un pouvoir plus important au-dessus de moi qu'Alf Apps (le président du parti), et c'est ma femme, Arlene, a-t-il lancé. Nous avons fait un pacte: ce sera un travail intérimaire. Je comprends exactement ce que ça veut dire et je crois que tout le monde le comprend.»

Le nouveau chef libéral a aussi écarté autant que possible les spéculations sur d'éventuels pourparlers de fusion entre le PLC et le NPD. «Le fait est qu'il y aura toujours des discussions entre les gens qui s'intéressent à la politique au sujet de ce qui pourrait arriver, a-t-il noté. Voici ce que j'en pense: ces discussions vont se poursuivre. Je ne mène pas un séminaire ou un exercice de sciences politiques. On m'a demandé d'aider à diriger un parti politique dans les 18 à 24 prochains mois. Et j'accepte entièrement les vues du parti qui m'ont été exprimées, et qui disent qu'il ne peut y avoir de discussions sans l'approbation entière du parti. S'il n'y a pas d'approbation, il n'y a pas de discussions.»

Reconstruction

Le nouveau chef par intérim aura la dure tâche d'entreprendre la reconstruction du PLC, devenu troisième à la Chambre des communes pour le nombre de députés - une première dans son histoire. Cette réalité était illustrée mercredi par le fait que le caucus libéral n'est pas réuni sur la colline parlementaire, mais en périphérie, dans le sous-sol d'un immeuble près du Château Laurier.

L'air fatigué mais néanmoins détendu, M. Rae a multiplié les blagues au cours de son point de presse de près d'une demi-heure, où il était accompagné de sa femme ainsi que de quelques sénateurs et députés libéraux, dont le candidat défait Marc Garneau.

«Je ne suis pas déçu, a affirmé M. Garneau. Nous avons eu un très bon caucus. Ç'a été un processus très démocratique. Nous avons fait le premier pas aujourd'hui, un pas extrêmement important vers notre remontée, c'est-à-dire de choisir notre chef intérimaire, une grande personne, un grand Canadien, Bob Rae. J'ai hâte de travailler avec lui pour les prochains pas que nous allons faire. Je suis très serein.»

Bob Rae a déclaré que Marc Garneau aurait un rôle important à jouer dans le parti.