Tout en ne rejetant pas le remplacement du pont Champlain par un autre pont, un rapport produit en mars par le consortium BCDE - que le gouvernement Harper refusait de dévoiler jusqu'ici - met l'accent sur la possibilité de construire un nouveau tunnel sous le fleuve. Quelle que soit la solution retenue, ce qui ne fait aucun doute dans ce rapport, c'est la nécessité de remplacer le pont Champlain par une autre structure, et de ne pas trop tarder.

> L'évaluation du pont Champlain par Delcan (en anglais).

> L'étude de BCDE sur le remplacement du pont Champlain.

«Des dépenses annuelles progressant de 18 à 25 millions au cours des 10 prochaines années seraient nécessaires afin de prolonger sa vie, sans pour autant rehausser son niveau de performance sismique et réhabiliter son tablier. Les travaux d'entretien seront de plus en plus étendus et complexes et nécessiteront des fermetures de voies de plus en plus longues, entraînant ainsi des inconvénients de plus en plus importants aux usagers», peut-on lire dans le rapport dévoilé mercredi, intitulé Étude de préfaisabilité portant sur le remplacement de l'actuel pont Champlain.

Le pont a non seulement mal vieilli, mais il est de plus mal équipé, à la base, pour résister aux tremblements de terre: «Une analyse a démontré un manque substantiel de résistance sismique des piles, même en ne tenant pas compte de leur degré de détérioration.»

Même si le consortium s'étend beaucoup plus longuement sur la pertinence de construire un tunnel, Jean-Vincent Lacroix, chef des communications à la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain, signale qu'on aurait tort d'y voir une recommandation claire en ce sens.

Il reviendra au gouvernement de choisir, note-t-il, mais il est certain «que la construction d'un tunnel est plus chère, ses coûts d'entretien, plus élevés et que les risques liés au transport de matières dangereuses sont beaucoup plus importants».

Le rapport évoque le fait que les coûts d'entretien et d'exploitation seraient deux fois plus importants si l'on construisait un tunnel plutôt qu'un pont.

Jusqu'ici, les estimations voulaient que la démolition du pont et son remplacement par une nouvelle structure, quelle qu'elle soit, coûterait au moins 5 milliards de dollars.

Si l'on optait pour un tunnel, un délai de 59 mois «à compter du début de la période de préparation» serait à prévoir, estime le consortium. «Ce planning prend en compte les interruptions hivernales, les contraintes environnementales de suspension des travaux en rivière, ainsi que de la période d'interdiction de travaux dans l'emprise de la voie maritime.»

Le gouvernement Harper se ravise

Jusqu'ici, le ministre Denis Lebel refusait de dévoiler ce rapport au motif que les citoyens étaient inaptes à le recevoir. «Lorsqu'on rend publiques des informations qui sont traitées par des personnes qui ne sont pas nécessairement des connaisseurs du sujet, ça peut créer des émois que je ne veux pas créer», a-t-il expliqué dans les derniers jours.

Le gouvernement Harper s'est ravisé, et l'étude a été placée mercredi après-midi sur le site internet de la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain.

«Nous voulons que l'information concernant le pont soit accessible pour les Canadiens et c'est pourquoi le rapport technique de l'étude de préfaisabilité est rendu public», a déclaré par écrit le ministre Lebel.

Ce nouveau rapport fait écho à d'autres, de la firme Delcan ceux-là, qui concluent que l'état du pont justifie son remplacement le plus rapidement possible. «Étant donné que tous les travaux de réhabilitation du pont ne peuvent être faits instantanément, il y a et il continuera d'y avoir des risques associés aux opérations, dit notamment la firme Delcan. Les risques ne peuvent être quantifiés et des inconnues demeurent.»

En fin de journée, le Parti libéral du Canada a annoncé qu'il donnerait ce matin une conférence de presse sur la gestion du dossier par le gouvernement Harper.

Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil, a fait savoir par son attachée de presse Catherine Bérubé qu'elle prendrait le temps de lire le rapport avant de le commenter. Mme Bérubé a souligné que la Ville de Longueuil, comme tout un chacun, a été tenue dans l'ignorance de la teneur du document, ne sachant pas plus que quiconque s'il s'agissait d'un rapport de préfaisabilité sur le remplacement du pont Champlain ou d'une analyse de plus de son état actuel.