Le premier ministre Stephen Harper a foulé le tapis rouge au palais présidentiel colombien pour venir célébrer l'accord de libre-échange controversé qu'il a signé avec le pays sud-américain.

Les deux pays ont signé, en 2008, un accord qui entrera en vigueur dès lundi prochain. «Nous ne pouvons bloquer la progression d'un pays comme celui-ci pour des raisons qui relèvent du protectionnisme, et utiliser les droits de l'homme comme couverture pour le faire», a affirmé le premier ministre du Canada.

Stephen Harper a plaidé que le pays avait fait beaucoup de progrès et que son passé ne devrait pas nuire au développement de ses relations commerciales.

«Cet accord, le premier jamais conclu entre la Colombie et un pays du G8, prépare la voie à une relation encore plus étroite entre nos deux pays», a déclaré le premier ministre.

«Le Canada est un pays important avec qui nous partageons la vision de la démocratie, de la liberté et des droits de la personne», a renchéri le président colombien Juan Manuel Santos. «Nous apprécions cette relation particulière et nous désirons l'alimenter», a-t-il déclaré.

Pour Stephen Harper, l'accord de libre-échange représente une victoire économique et politique. L'entente commerciale avait suscité la controverse lors de son approbation au Parlement l'année dernière. Les partis de l'opposition et des groupes de défense des droits de la personne avaient critiqué la volonté du gouvernement Harper de conclure un accord commercial avec le pays qui compte le plus grand nombre de syndicalistes assassinés au monde.

«Ce pays a fait des pas de géant au cours des dernières années pour résoudre les problèmes concernant les droits de la personne», estime Stephen Harper.

À l'extérieur du palais présidentiel, quelque 200 portraits de personnes disparues ou assassinées rappelaient cependant aux passants les ravages de la violence en Colombie. Au pied de la photo de son frère assassiné par l'armée dans les années 80, Jorge Enrique Gomez estime que «les disparitions et les assassinats vont continuer, car le conflit armé n'a pas cessé et que les inégalités sociales n'ont pas disparu».

L'homme barbu dans la cinquantaine doute des bonnes intentions du président Santos et rappelle qu'il était ministre de la Défense lors du scandale des «faux positifs». Des soldats avaient abattu en 2008 des jeunes sans histoire issus des quartiers défavorisés en les faisant passer pour des guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

Le président Santos a estimé que ce genre d'incident est maintenant chose du passé, en dépit du fait que la Colombie «est malheureusement encore le théâtre d'un conflit armé où des groupes terroristes qui violent les droits de la personne recrutent des enfants soldats, posent des mines antipersonnel et font exploser des bombes qui font des victimes civiles».

Rien pour décourager le vice-président au développement des affaires internationales de SNC-Lavallin Construction, Bruno Picard. «C'est ici que nous voulons construire notre base d'opérations dans les pays andins, affirme M. Picard. La Colombie a réalisé des progrès considérables en matière de sécurité au cours des 10 dernières années et le pays mérite notre appui», estime-t-il.

M. Picard fait partie de la délégation d'hommes d'affaires qui accompagnent le premier ministre dans sa tournée en Amérique du Sud. Stephen Harper sera reçu au Costa Rica aujourd'hui.

- Avec La Presse Canadienne