Le premier ministre Stephen Harper se tourne vers André Bachand, un Québécois nationaliste reconnu, pour le conseiller sur les questions qui touchent le Québec, a appris La Presse.

M. Bachand, que M. Harper avait nommé ambassadeur du Canada à l'UNESCO à Paris en 2009, entrera en fonction dans quelques semaines. Il succédera ainsi à Dimitri Soudas, qui agissait à la fois à titre de conseiller du premier ministre pour le Québec et de directeur des communications.

Cette importante nomination devrait plaire au gouvernement de Jean Charest, qui avait nommé M. Bachand délégué du Québec à Ottawa de 2004 à 2008. Il avait en outre été élu député du Parti progressiste-conservateur du Canada, en 1997, lorsque Jean Charest en était le chef. Il a tenté en vain un retour en politique fédérale sous la bannière du Parti conservateur en 2008.

Calmer la tempête

La nomination de M. Bachand devrait aussi permettre de calmer quelque peu la tempête provoquée par celle du journaliste Angelo Persichilli au poste de directeur des communications de Stephen Harper.

Âgé de 63 ans, M. Persi-chilli ne parle pas français, mais il connaît fort bien les communautés ethnoculturelles de la région de Toronto, que courtisent les conservateurs depuis 2006. À titre de chroniqueur au quotidien The Toronto Star, il a déjà tenu des propos cinglants envers le Québec, critiqué le bilinguisme canadien et déclaré que trop de francophones occupent des postes importants dans la fonction publique fédérale.

M. Persichilli a refusé la semaine dernière de répondre aux questions de La Presse au sujet de ses chroniques au motif qu'il n'était pas encore entré en fonction et qu'il s'expliquerait à ce moment.

Un «excellent conseiller»

Quant à M. Bachand, «son attachement aux valeurs des familles canadiennes et sa volonté d'assurer un Québec fort dans un Canada uni feront de lui un excellent conseiller du premier ministre et une voix efficace pour le Québec», a dit une source conservatrice à La Presse.

«Il apportera à notre gouvernement une vaste expérience politique, car il a été maire et député de Richmond-Arthabaska pendant un total de 18 ans», a ajouté cette source.

Interrogé hier avant qu'il ne quitte son poste, Dimitri Soudas a refusé de commenter la nomination de M. Bachand. «On ne commente pas les spéculations», s'est-il borné à dire.

M. Harper se tourne pour la deuxième fois vers M. Bachand pour des postes importants, bien que ce dernier l'ait vertement critiqué dans le passé. En effet, M. Bachand avait tourné le dos aux conservateurs après que le Parti progressiste-

conservateur et l'Alliance canadienne eurent fusionné pour créer le Parti conservateur en décembre 2003.

Il avait affirmé qu'il n'était pas à l'aise avec certaines positions de M. Harper, dont il avait même dit qu'il avait «autant de charisme qu'une table à pique-nique». Il a siégé à titre de député indépendant de Richmond-Arthabaska jusqu'aux élections de juin 2004.

Lorsqu'il a tenté de retourner à la politique, en 2008, M. Bachand avait fait son mea culpa et affirmé que le Parti conservateur avait fait ses preuves au Québec. «Le parti a changé, en quatre ans», avait-il déclaré.

«Après l'avoir critiqué dans le passé, André Bachand a constaté que le premier ministre est un ami du Québec. Il a fait des gestes concrets en reconnaissant la nation québécoise et en réglant le dossier du déséquilibre fiscal», a affirmé la source conservatrice.