Sans surprise, la députée d'Ahuntsic, Maria Mourani, se lance dans la course à la chefferie du Bloc québécois, un parti qui, sous sa gouverne, rebâtirait son aile jeunesse et romprait avec la tradition d'appuyer le Parti québécois aux élections provinciales.



Mme Mourani devient ainsi la deuxième bloquiste à annoncer son intention de succéder à Gilles Duceppe, et la première femme à briguer le poste au sein de la formation politique.

Jean-François Fortin, le jeune député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, avait annoncé ses couleurs, en fin de semaine, à l'occasion du Conseil général du Bloc québécois, à Drummondville.

Dans une lettre transmise aux médias intitulée «Le Bloc québécois pour tous», Mme Mourani dit vouloir donner un solide coup de barre au parti, qui a subi une raclée historique aux élections du 2 mai en ne faisant élire que quatre députés.

Selon celle qui a été élue en trois occasions depuis 2006, il est urgent de rebâtir l'aile jeunesse du Bloc québécois et lui donner les ressources financières et humaines nécessaires.

Elle refuse cependant de blâmer M. Duceppe quant à l'insatisfaction exprimée par les jeunes du parti, affirmant qu'elle ne souhaite pas faire un bilan du passé.

Du coup, elle croit que l'avenir réside dans la jeunesse, qu'il faut démuseler sans tarder.

Refusant de pointer du doigt le Parti québécois ou toute autre formation politique, la députée soutient qu'il faut laisser davantage de place aux débats d'idées, peu importe si celles-ci sont contraires à celles exprimées par le chef d'un parti.

«Le débat d'idées peut se faire à l'intérieur du forum jeunesse, des instances locales et ailleurs. Et le débat d'idées ne signifie pas qu'il y a des chicanes, que le chef est remis en question», a soutenu celle qui admet volontiers que changer la culture du parti est une aventure ambitieuse.

Dans la même veine, Maria Mourani dit vouloir que le Bloc québécois adopte un droit de réserve lors des élections au Québec.

«Je souhaite que le Bloc québécois devienne et redevienne un parti qui rassemble tous les souverainistes, quels que soient les courants politiques, de gauche, de droite, de centre, des pressés ou des moins pressés», a soutenu la porte-parole actuelle du Bloc en matière de justice, d'environnement, de transport et de condition féminine.

«On ne peut pas dire que l'on veut rassembler tous les militants souverainistes et quand vient le temps d'une élection, donner des mots d'ordre. Moi, je ne crois pas à ça, il faut être cohérent», a répété Mme Mourani.

Celle-ci se défend par ailleurs de vouloir se distancer du Parti québécois en difficulté. L'idée a germé il y a longtemps, a-t-elle soutenu, et ce, même si elle ne l'a jamais soumise à Gilles Duceppe.

«Disons que ce n'était pas l'idée la plus populaire de ce temps-là», a-t-elle reconnu.

Née en Côte-d'Ivoire de parents d'origine libanaise, Maria Mourani a immigré au Québec en 1988 après une adolescence passée en France. Sociologue spécialisée dans les gangs de rue et également titulaire d'un baccalauréat en criminologie, la députée croit être celle à qui il faut confier la lourde responsabilité de reconstruire le Bloc québécois.

Son expérience de vie et ses cinq années à la Chambre des communes lui permettront, selon elle, de s'atteler à cette difficile tâche. Travailleuse, elle affirme ne jamais tenir les choses pour acquises.

Dans sa missive, Mme Mourani conclut son plaidoyer en invitant les membres du parti de l'appuyer.

«Ensemble, nous pouvons faire advenir un nouveau Bloc québécois toujours fidèle à la défense de nos intérêts nationaux et à la cause de l'indépendance du Québec mais plus ouvert aux différences.»

Les membres du parti devraient élire leur nouveau chef le 11 décembre.