Le chef du Parti libéral de l'Ontario, Dalton McGuinty, a réussi un exploit que plusieurs croyaient impossible il y a trois mois à peine, en menant ses troupes à une troisième victoire de suite jeudi soir. Mais il pourrait devoir attendre des dépouillements judiciaires avant de savoir s'il dirigera ou non un gouvernement majoritaire.

Les troupes de M. McGuinty, au moment de mettre sous presse, avaient remporté 53 des 107 sièges de l'Assemblée législative, soit un siège de moins que le nombre requis pour former un gouvernement majoritaire. Mais plusieurs circonscriptions ont donné lieu à de chaudes luttes qui pourraient requérir aussi un dépouillement.

Si le Parti libéral réussit, au terme de cet exercice, à mettre la main sur un autre siège, Dalton McGuinty pourra gouverner à sa guise. Mais si les résultats devaient demeurer inchangés, il dirigerait alors un premier gouvernement minoritaire en Ontario depuis 1985 et devrait s'assurer d'obtenir l'appui du Parti conservateur ou du NPD pour faire adopter les priorités de son gouvernement.

Le Parti conservateur de Tim Hudak, qui caracolait en tête dans les sondages au printemps, mais qui a vu ses appuis fondre après une campagne difficile, a dû se contenter de 37 sièges. Le NPD d'Andrea Howarth a pour sa part récolté 17 sièges.

De nombreux défis

Les électeurs de la province la plus populeuse du pays ont donc opté pour qu'un gouvernement à la marge de manoeuvre limitée prenne les commandes à Queen's Park en cette période de turbulence économique.

L'Ontario est aux prises avec un énorme déficit de 14 milliards de dollars et doit composer avec un secteur manufacturier en perte de vitesse depuis quelques années.

En pleine campagne électorale, Dalton McGuinty a juré qu'il ne formerait pas un gouvernement de coalition avec le NPD, même si son parti n'obtenait pas une majorité des sièges à l'Assemblée législative. Tout au long de la campagne, plusieurs sondages laissaient entrevoir l'élection d'un gouvernement minoritaire à Queen's Park.

Même si les libéraux ont obtenu une quinzaine de sièges de plus que les conservateurs, les résultats ont été plus serrés au chapitre des suffrages exprimés. En effet, le Parti libéral, avec 37,4% des voix au moment de mettre sous presse, a obtenu à peine 2% de plus que le Parti conservateur, qui récoltait 35,3%. Le NPD, dont la leader a mené une campagne vigoureuse, a recueilli 22,9% des suffrages.

À la dissolution de la Chambre, les libéraux détenaient 70 sièges, les conservateurs, 25 et les néo-démocrates,10; 2 sièges étaient vacants. Lors des dernières élections générales, en 2007, le taux de participation avait à peine dépassé les 50%, un record. Les libéraux avaient alors récolté 42,3% des votes, les conservateurs, 31,6% et les néo-démocrates, 16,8%.