Le gouvernement fédéral ne dispose pas de suffisamment de temps pour se lancer dans l'élaboration d'une nouvelle forme de recensement d'ici 2016 ou même 2021 dans certains cas, indique une étude commandée par Statistique Canada.

Le rapport souligne que le seul véritable choix pour 2016 est de miser sur des variations de celui qui est déjà en place.

L'étude réalisée par le statisticien Don Royce a été commandée après que le parti conservateur eut abruptement décidé de se débarrasser du long formulaire de recensement obligatoire l'an dernier et de le remplacer par une enquête volontaire et ce, sans consultation ou même sans essais sur le terrain.

Les conservateurs ont relégué aux oubliettes le formulaire long et l'ont remplacé par l'«Enquête nationale auprès des ménages», affirmant que les citoyens ne devaient pas être menacés d'écoper d'amendes ou d'être jetés en prison après avoir refusé de répondre à des questions personnelles détaillées.

Dans les cercles politiques et médiatiques, plusieurs personnes ont évoqué l'idée de revoir entièrement le processus de recensement.

L'une des suggestions était de recueillir des renseignements sur la population par le biais des bases de données gouvernementales. Les pays scandinaves ont recours à cette méthode.

Le conseiller pour Statistique Canada a étudié cette option ainsi que plusieurs autres tirées de nombreux exemples à travers le monde.

Selon lui, cela pourrait prendre des décennies avant que le Canada remplace complètement son recensement avec un registre de la population qui inclut des données sur des sujets comme le logement, l'éducation et le revenu. Établir un tel système pourrait être beaucoup plus dispendieux qu'un recensement et la population pourrait avoir à supporter l'idée d'avoir toutes leurs données entreposées au même endroit.

M. Royce croit que les coûts importants ainsi que les aspects liés au respect de la vie privée font en sorte que le mise en place d'un tel système ne pourrait pas avoir lieu d'ici le recensement de 2021.

Les États-Unis ont leur propre système pour collecter les données avec un recensement court tous les dix ans et des sondages continus sur des questions détaillées transmises à un pourcentage de la population. Les deux questionnaires sont obligatoires. La France a un mode de fonctionnement similaire.

Selon le statisticien, le Canada pourrait opter pour un tel modèle mais là encore, il ne pourrait pas être implanté avant 2016.

Ainsi, les seuls changements qui pourraient être apportés au recensement d'ici 2016 seraient en modifiant les composantes déjà existantes, soit le questionnaire court et le long volontaire. Et M. Royce croit que la décision sur la manière d'ajuster la balance entre les questions obligatoires et volontaires devrait être basée sur la fiabilité des données de 2011.

Et malgré que l'agence des statistiques ait récemment rapporté un taux de réponse de 69,3 pour cent à son recensement, la qualité de l'information n'a pas encore été évaluée. Certains groupes de personnes pourraient être moins enclins à remplir les formulaires, ce qui créé un biais sur les résultats.