La connaissance qu'a le public de la guerre de 1812 est peut-être limitée, mais les Canadiens pourraient se rappeler pendant un bon moment les éclats entourant les festivités annoncées pour son bicentenaire.

Le secrétaire parlementaire Pierre Poilievre s'est déplacé mercredi au Musée canadien de la guerre, à Ottawa, pour y tenir un point de presse, le tout au son d'une cornemuse et de percussions. Six autres ministres conservateurs et députés ont procédé un peu partout au pays à une annonce qui avait déjà été faite en grande pompe, la veille, par le ministre du Patrimoine au Fort George, dans le sud ontarien.

L'attention particulière et les fonds alloués au bicentenaire du conflit - au moins 28 millions $ de dépenses selon le dernier budget -, font partie d'un nouveau type de nationalisme canadien que le premier ministre Stephen Harper tente de mettre en oeuvre pendant ses années au pouvoir, selon des experts politiques.

Un ancien conseiller de M. Harper, Tom Flanagan, souligne que les thèmes patriotiques mis de l'avant par le premier ministre conservateur diffèrent de ceux qui étaient favorisés par les libéraux. Ceux-ci privilégiaient notamment le multiculturalisme, le bilinguisme et le maintien de la paix.

M. Flanagan, aujourd'hui professeur à l'université de Calgary, se rappelle avoir affirmé à M. Harper qu'un Parti conservateur doit toujours être celui représentant le patriotisme dans un pays, et que si les libéraux canadiens s'étaient appropriés ce rôle, les conservateurs devaient le récupérer.

La version canadienne du patriotisme s'articule autour de l'héritage britannique, a ajouté celui qui a travaillé pour M. Harper jusqu'en 2004.

L'armée, la monarchie, le Nord canadien, l'histoire et les sports figurent parmi les secteurs où les conservateurs ont apporté des retouches à répétition par l'entremise de décisions politiques, discours du Trône et occasions de photos.

Le gouvernement conservateur a aussi effectué des changements de politiques afin de refléter leur vision de ce qui devrait, ou non, être célébré et souligné à grands traits dans le cadre de l'identité canadienne.

Les missions diplomatiques du Canada à l'étranger ont reçu l'ordre cet été de suspendre des portraits de la reine Elizabeth II, alors qu'un «mur des souverains» a été consacré à la royauté britannique à l'intérieur du ministère des Affaires étrangères. La marine et la force aérienne du Canada se sont vu rajouter l'appellation «royale». Plus tôt ce mois-ci, le ministre du Patrimoine James Moore a appuyé un projet de loi privé d'un député conservateur visant à rendre illégal le fait d'interdire l'affichage du drapeau canadien.