Justin Trudeau a choisi de passer son tour pour la prochaine course au leadership du Parti libéral du Canada (PLC), mais cela pourrait simplement être partie remise pour le jeune député de Papineau.

Le politicien de 39 ans, père de deux jeunes garçons, a confié au caucus libéral en septembre qu'il avait terminé sa réflexion et renonçait finalement à poser sa candidature pour devenir chef de son parti.

En entrevue à La Presse Canadienne jeudi, il a expliqué que la politique sera dans sa vie «pendant bien des années encore», mais que ses enfants «vont avoir deux ans et quatre ans qu'une fois dans leur vie». Il a signalé qu'il «ne fermait pas la porte» et n'excluait pas qu'un autre moment puisse être plus propice afin qu'il tente de se hisser à la tête de PLC dans le futur.

«Je voudrais m'assurer d'être le père que je veux être avant d'essayer d'être le leader que je voudrais, peut-être, être», a-t-il expliqué.

Les libéraux devront élire un nouveau chef en 2013, mais ils s'attellent d'abord à reconstruire un parti qui a dégringolé lors des deux dernières élections, les laissant avec le titre de troisième parti à la Chambre des communes.

Comme il est en tournée dans certaines universités du pays, c'est d'abord à une cinquantaine d'étudiants de l'université Wilfrid Laurier de Waterloo que Justin Trudeau a publiquement confié qu'il ne serait pas candidat à la direction du PLC pour des raisons familiales.

Son père, Pierre Elliott Trudeau, a dirigé le Canada pendant près de 16 ans et a eu ses enfants alors qu'il était premier ministre.

«Il y a très peu de gens qui savent autant que moi l'impact que la politique peut avoir sur une famille», a noté Justin Trudeau, ajoutant qu'il n'était pas prêt en ce moment à sacrifier davantage de son temps familial pour son travail.

Reconstruction du parti

Alors que la course à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD) fait les manchettes des journaux, celle du PLC passe sous silence, d'une part parce qu'elle n'est pas vraiment commencée; de l'autre, parce que le chef ne sera pas élu avant plus d'un an.

M. Trudeau se réjouit d'ailleurs que la course au leadership ne soit pas la priorité de son parti en ce moment.

«On est entièrement engagés au niveau de la reconstruction et la gouvernance du parti. C'est la leçon qu'on a apprise de façon assez difficile pendant les dernières années où on a passé trop de temps à parler leadership et pas assez de temps à parler du parti», a-t-il signalé.

Tous n'ont cependant pas la même vision de la meilleure façon de reconstruire ce parti ayant graduellement perdu sa place dans le coeur des électeurs au cours de la dernière décennie.

L'ancienne candidate à la chefferie libérale de 2006, Martha Hall Findlay, a publié dans le dernier numéro d'Options politiques un article dans lequel elle se désole de voir le PLC hésiter à prendre des positions claires.

Dans son texte intitulé «Ni à gauche ni à droite, où va le Parti libéral», elle déplore que son parti tend de plus en plus vers la gauche lorsqu'il est question d'économie et vers la droite lorsqu'il est question de politiques sociales, soit l'inverse de la position traditionnelle libérale.

«Ma vision est que le langage du «centre» est perçu comme le contraire de concret: mou et vague», écrit-elle.

M. Trudeau ne partage pas l'opinion de Mme Hall Findley et croit que les positions du parti sont somme toute plutôt claires.

«Mais tout ça est à renégocier. On est à un moment où l'important, c'est d'inclure le plus de gens possible dans notre recherche de ce que le Canada a besoin en un Parti libéral», a-t-il soutenu.

Il estime que le principal problème de son parti est qu'il se «définit trop par en haut» et que, pour y remédier, il faudra davantage écouter sa base.