Un ex-soldat canadien menace de faire une grève de la faim devant les bureaux du ministre des Anciens Combattants (ACC), Steven Blaney. Il veut forcer le gouvernement à reconnaître qu'il a été intoxiqué à l'uranium appauvri lors d'une mission en Bosnie, dans les années 90.

Après 12 années de combat à tenter de faire admettre le mal causé par l'utilisation de munitions radioactives, Pascal Lacoste espère toujours recevoir un appel d'Ottawa qui accepterait de lui payer un traitement de 50 000 $ dans une clinique au Texas.

Au-delà de sa propre santé, l'homme de 38 ans souhaite créer un précédent qui forcera ACC à traiter les autres militaires croyant avoir été contaminés à l'uranium appauvri.

Mais s'il n'a pas de nouvelles d'ici samedi midi, il garera sa voiture devant les bureaux du ministre Blaney, à Lévis, et commencera une grève de la faim. La seule eau qu'il compte boire lui servira à ingérer le cocktail de médicaments qu'il doit prendre pour endurer la fatigue et les douleurs chroniques qu'il ressent depuis sa mission en Bosnie en 1996 et 1997. Compte tenu de sa santé fragile, Pascal Lacoste pense survivre au maximum trois jours.

«Un combat d'honneur»

«Je n'ai jamais parlé d'argent et ce n'est pas ce que je veux. C'est un combat d'honneur. Je veux que le Canada reconnaisse l'intoxication à l'uranium et nous soigne. Je ne veux pas qu'ils fassent comme ils ont fait avec les soldats qui ont servi de cobaye au projet Manhattan [les recherches sur la bombe atomique] à qui il a fallu attendre 50 ans pour être reconnus»

Selon une source gouvernementale qui a préféré conserver l'anonymat, l'ancien militaire est suivi par ACC et son état de santé s'est considérablement dégradé ces derniers temps. Mais voilà, le gouvernement canadien ne fait aucun lien entre l'exposition à l'uranium appauvri et ses problèmes de santé.

«Malgré que certaines situations soient déchirantes, une approche basée sur la science doit être adoptée dans la prestation des soins et services prodigués en toute équité à nos vétérans», a d'ailleurs indiqué à La Presse Jean-Christophe de le Rue, attaché de presse du ministre Blaney.

Le Canada nie recourir à l'uranium appauvri dans son arsenal militaire, mais ses soldats sont fréquemment déployés aux côtés de l'armée américaine, qui utilise ce produit radioactif depuis la première guerre du Golfe, en 1991. Ces munitions servent avant tout à percer les blindages ou, à l'inverse, à renforcer des blindés.

Plusieurs études ont été menées sur la dangerosité de l'uranium appauvri, notamment par l'Organisation mondiale de la santé. Aucune n'a toutefois établi de lien avec les troubles de santé dont certains soldats disent souffrir. En 2000, ACC affirme avoir étudié le cas de 230 vétérans inquiets d'avoir été exposés à l'uranium appauvri et qu'aucun ne présentait une contamination «plus élevée que la normale».

Le Ministère présente sur son site web les conclusions d'une étude américaine selon laquelle des personnes fortement exposées à l'uranium appauvri - certaines vivant avec des éclats de ces obus - n'ont souffert d'aucune séquelle. Une étude américaine sur 2000 anciens militaires est parvenue aux mêmes résultats.