Les deux députés néo-démocrates qui ont voté avec les conservateurs mardi pour détruire le registre des armes d'épaule savaient qu'ils seraient punis par leur chef pour leur geste.

En deuxième lecture du projet de loi controversé abolissant le registre, les Ontariens John Rafferty et Bruce Hyer ont choisi de voter avec le gouvernement, allant ainsi à l'encontre de la position officielle de leur parti.

Selon le porte-parole néo-démocrate en matière de Justice, Jack Harris, ces deux députés avaient été avertis qu'en votant en faveur du projet de loi, ils devraient en subir «les conséquences».

«Ils étaient au courant, a-t-il assuré. La position du parti est très claire: nous voulons que le registre soit modifié, et non pas détruit.»

M. Harris a spécifié qu'en effet, des conséquences avaient été imposées aux deux députés, mais il n'a pas indiqué quelles avaient été les mesures punitives choisies par la chef intérimaire Nycole Turmel.

De façon générale, les conséquences pour ce type de geste peuvent être de retirer certains privilèges aux députés en question ou de faire en sorte qu'ils ne siègent plus sur des comités. En cas d'affront majeur, les députés sont carrément expulsés du parti.

En plus des députés Rafferty et Hyer qui ont voté aux côtés des conservateurs, le député de Western Arctic dans les Territoires du Nord-Ouest, Dennis Bevington, s'est abstenu, alors qu'un autre, le candidat au leadership Nathan Cullen, a quitté la Chambre tout juste avant le vote.

Interrogée à la sortie du caucus du Nouveau Parti démocratique, mercredi, Nycole Turmel n'a pas voulu indiquer si une ligne de parti plus rigide allait être imposée au moment du vote final.

Elle a plutôt noté que du travail restait à faire en comité parlementaire, et qu'au moins une chose faisait l'unanimité dans son caucus, et c'est que les données du registre soient conservées pour les rendre disponibles aux provinces qui souhaitent mettre sur pied leur propre registre. Les conservateurs veulent quant à eux détruire toutes les données.

«On n'est pas au vote final, il y a des discussions avec tous les députés et on va s'assurer qu'on soit uni à la fin», a-t-elle signalé, ce qui laisse entendre que la ligne de parti serait appliquée plus fermement la prochaine fois.

Le député ontarien Charlie Angus, qui avait autrefois voté pour l'abolition du registre lorsque Jack Layton était chef néo-démocrate mais qui s'était ravisé plus tard, a soutenu pour sa part que le sujet ne faisait plus autant de vagues qu'avant.

Sans jeter le blâme sur ses deux collègues, il a laissé entendre que les députés connaissent en général les conséquences de leurs gestes.

«Ces députés sont de grands garçons (...). Mais vous êtes dans un parti politique et vous prenez des décisions et tout le monde doit se lever et faire son travail. Je suis ici pour faire mon travail et c'est ce que j'ai fait en votant contre ce gouvernement», a-t-il soutenu.

Cette division au sein du caucus néo-démocrate illustre comment les conservateurs tentent de diviser la population, selon le député d'Acadie-Bathurst, Yvon Godin.

«Ça démontre comment M. (Stephen) Harper divise les Canadiens», a-t-il lancé.

«En réalité, c'est ce qu'il fait. Présentement, c'est entre les régions rurales et les grosses municipalités», a-t-il argué.

Plusieurs chasseurs des régions rurales ont historiquement fait des pressions sur leur député pour se débarrasser du registre des armes d'épaule.

Après un passage en comité, le projet de loi reviendra rapidement à la Chambre des communes pour le vote final. Certains groupes de défense des victimes pressent le gouvernement de Jean Charest d'agir dès que possible pour rapatrier les données du registre, les conservateurs ayant déjà imposé le bâillon pour ce projet de loi.