Le NPD démontre qu'il est «indigne» de gouverner le pays quand il délègue deux députés à Washington pour critiquer le projet de pipeline Keystone qui pourrait créer des milliers d'emplois au Canada, estime le premier ministre Stephen Harper.

M. Harper a lancé cette charge à la Chambre des communes mercredi en réponse à une question de la chef du NPD Nycole Turmel au sujet des griefs formulés par le mouvement Occupons Wall Street qui a touché plusieurs villes canadiennes et américaines.

Mme Turmel a affirmé que le mouvement des indignés représente «la pointe de l'iceberg» puisqu'il est porteur «de l'écoeurement généralisé qui gagne la classe moyenne» en ces temps d'incertitude économique.

La réplique du premier ministre a été cinglante.

«Les vrais Canadiens, quand ils font face à des difficultés, se retroussent les manches et travaillent. C'est ce que nos industries font, malgré l'opposition du NPD qui est si extrême et qui va aux États-Unis afin de s'opposer à la création d'emplois au Canada. C'est un parti qui n'est pas digne de gouverner ce pays», a soutenu Stephen Harper.

Le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, a repris cette ligne d'attaque durant la période des questions.

«Keystone XL générera des dizaines de milliers d'emplois et des milliards de dollars en activité économique. En outre, les revenus aideront à financier d'importants services sociaux, tels que la santé et l'éducation. Toutefois, le NPD s'est rendu aux États-Unis déterminé à nuire à ce projet et aux perspectives d'emploi des Canadiens. La position du NPD serait comique si seulement elle n'était pas si néfaste envers l'intérêt national du Canada», a dit le ministre Oliver.

Mardi, les députés néo-démocrates Megan Leslie et Claude Gravelle, porte-paroles en matière d'environnement et de ressources naturelles du NPD, se sont rendus aux États-Unis pour y rencontrer des élus du Parti démocrate.

Leur objectif était de montrer aux législateurs américains un «autre visage» du Canada. «Il y a deux côtés à l'histoire, a soutenu le député Gravelle. Et pour le moment, le seul côté que les Américains entendent, c'est celui de Stephen Harper.»

Interrogée au sujet de la charge du premier ministre contre son parti, la députée néo-démocrate Françoise Boivin a soutenu que cela démontre que le NPD «dérange» les conservateurs.

«C'est des enfantillages. Ça montre qu'on les dérange.  (...) On va continuer à être dans leur face. On va continuer à être l'Opposition officielle.  On va continuer à faire notre travail dans les comités. On ne fera pas du grand standing juste pour le plaisir. On fait notre travail», a-t-elle dit.

Au cours des dernières semaines, le gouvernement Harper a activement tenté de convaincre les États-Unis d'aller de l'avant avec le superprojet de 7 milliards. Le prolongement du pipeline permettrait d'acheminer le pétrole extrait des sables bitumineux albertains vers les raffineries du Texas.

La semaine dernière, l'administration Obama a décidé de mettre le projet sur la glace le temps de mener des études d'impact environnemental plus poussées.

Le NPD s'oppose au prolongement du pipeline Keystone XL, mais il se défend de vouloir stopper l'exploitation des sables bitumineux dans l'Ouest canadien. Il souhaite que le gouvernement ralentisse la cadence et se dote d'une stratégie énergétique qui comprendrait la mise en valeur de filières éolienne et solaire. Le voyage des deux députés a suscité l'ire du gouvernement conservateur. Le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, a qualifié le voyage du NPD de «disgracieux», car il donnera des munitions à ceux qui s'opposent au projet.