Le gouvernement Harper mise sur l'implantation de «visas biométriques» pour resserrer les contrôles de sécurité aux demandeurs de visa, une lacune dénoncée la semaine dernière par le vérificateur général.

Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, affirme que son équipe est en voie d'adopter une série de mesures pour répondre aux critiques du vérificateur. Parmi celles-ci, on compte le recours à la biométrie, stratégie qu'utilisent les États-Unis, l'Australie et plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni. «Il faut aller beaucoup plus loin que ce que le vérificateur général suggère, a affirmé M. Kenney au cours d'une entrevue accordée à La Presse. C'est la raison pour laquelle nous travaillons sur la création d'un système de visas biométriques.»

Dès 2013, le Canada demandera aux ressortissants de pays jugés plus à risque de fournir leurs empreintes digitales et une photo lorsqu'ils rempliront une demande de visa de résidence temporaire. Dans la plupart des cas, ils pourront le faire en utilisant une méthode sans encre, dans les établissements mandatés par le gouvernement canadien pour traiter les demandes de visa.

L'identité des demandeurs sera contre-vérifiée à leur arrivée au Canada.

Le ministre Kenney a bon espoir que cette technique permettra aux autorités canadiennes de mieux établir la véritable identité des demandeurs de visa, entre autres parce qu'il sera plus facile d'échanger des informations avec d'autres pays.

«On peut créer un formulaire d'une centaine de pages pour les demandeurs de visa, explique-t-il. Mais si quelqu'un pose une menace, j'imagine qu'il ne se dénoncera pas dans sa demande!»

Le recours à cette solution à la fine pointe de la technologie permettra de resserrer les contrôles de sécurité sans provoquer un engorgement additionnel, estime le ministre, car les données recueillies auprès des demandeurs seront relayées électroniquement aux autorités.

Le gouvernement Harper a réservé 174 millions en cinq ans pour mettre sur pied ce système de visas de pointe dans son budget de 2008. Il a également consacré un fonds de 53 millions pour soutenir les opérations du projet.

Le projet a fait l'objet d'un appel d'offres au cours des derniers mois et le gouvernement espère que les nouveaux visas seront fonctionnels d'ici deux ans.

Dures critiques

Rappelons que le système d'attribution des visas a été durement critiqué, la semaine dernière, par le vérificateur par intérim, John Wiersema. Son rapport a révélé que le gouvernement fédéral a du mal à identifier les ressortissants étrangers susceptibles de présenter un risque pour la santé ou la sécurité des Canadiens.

En outre, les agents responsables du traitement des demandes utilisent des guides de renseignement désuets pour évaluer les risques que posent les candidats.

«Nous signalons certains de ces problèmes de visas depuis 20 ans et je trouve troublant de constater qu'ils continuent d'exister», a déclaré le vérificateur par intérim.

De passage devant un comité parlementaire, la semaine dernière, le ministre Kenney a fait valoir que le seul moyen de recueillir plus de renseignements auprès des demandeurs de visa consiste à demander plus de renseignements. Cette situation oblige le gouvernement à trouver «un équilibre», car plusieurs se plaignent des délais de traitement des demandes.

«Nous croyons que le système infométrique est la meilleure solution, a indiqué M. Kenney. Avoir des milliers et des milliers d'agents des visas qui font des vérifications personnelles, ça n'a pas de sens. On n'a pas les ressources pour le faire.»