Le père de la Loi sur l'accès à l'information et ancien ministre dans le gouvernement libéral de Pierre Trudeau, le sénateur Francis Fox, tire un trait sur sa carrière politique.

Âgé de 72 ans, M. Fox a annoncé ce matin au caucus libéral qu'il quitte ses fonctions de sénateur trois ans avant l'âge de la retraite obligatoire.

«J'ai eu une vie politique enrichissante et passionnante, mais je reconnais qu'après autant d'années, il est temps de passer à autre chose et de regarder à nouveau vers l'avenir. Et cet avenir pour moi, c'est un retour à Montréal auprès de ma famille et un retour vers d'autres défis, je l'espère, dans le secteur privé», a affirmé M. Fox dans un discours au Sénat mercredi après-midi.

Arrivé à Ottawa en 1969 pour travailler comme adjoint à Pierre Trudeau, M. Fox a fait le saut en politique active en se faisant élire député libéral d'Argenteuil-Deux-Montagne en 1972. Il a été réélu sans interruption en 1974, 1979 et 1980. Il a occupé divers postes importants au sein du gouvernement Trudeau, notamment celui de Solliciteur général, ministre des Communications et ministre du Commerce international.

Parmi ses principales réalisations, on compte notamment la signature d'une entente avec les États-Unis permettant le rapatriement de détenus canadiens en 1977, l'adoption de la Loi désignant l'«Ô Canada» comme hymne national du Canada en 1980 et l'adoption de la Loi désignant le 1er juillet comme la Fête nationale du Canada en 1982.

M. Fox a aussi veillé à l'adoption de la Loi sur l'accès à l'information en 1983, a procédé à l'émission des premières licences de téléphonie cellulaire au Canada en 1983 et a créé Téléfilm Canada en 1984.

Après la cinglante défaite des libéraux en 1984, M. Fox est retourné dans le secteur privé. Il a repris du service à Ottawa en 2003 quand il a été recruté par Paul Martin pour agir comme secrétaire principal du premier ministre. En 2005, il a été nommé au Sénat.

Dans son discours au Sénat, M. Fox a soutenu que la Loi sur l'accès à l'information «est aujourd'hui une des clés de voûte de notre démocratie». Près de 30 ans après son adoption, il croit d'ailleurs que cette loi a besoin «d'un souffle nouveau pour relever les défis du 21e siècle et demeurer efficace».

«Les délais de traitement des demandes sont souvent extravagants au point où cela ressemble, dans plusieurs cas, à un déni de communication de l'information. Et, en plus des autres défis, le demandeur d'information est, encore aujourd'hui, confronté à la culture du secret qui prévaut au sein des ministères», a dit M. Fox.

«Si nous croyons qu'il est important que le Canada aide d'autres pays à devenir plus démocratiques, il est aussi important que le Canada maintienne les outils dont il s'est doté pour protéger sa propre démocratie», a-t-il ajouté.

Appel à l'unité nationale

M. Fox a aussi profité de son discours pour lancer un appel à l'unité nationale et exprimer le souhait que le Québec réintègre un jour le giron constitutionnel.

«L'absence du Québec comme signataire de notre Constitution constitue le symbole d'un clivage profond dans l'esprit de plusieurs dont la portée ne saurait nous échapper. Depuis bientôt trente ans, cette situation colore le paysage politique de notre pays et est invoquée par plusieurs pour freiner la mise en place d'assises nationales encore plus solides», a-t-il dit.

«Les tentatives précédentes d'y trouver une solution doivent être saluées. On ne peut qu'espérer l'émergence de nouvelles tentatives et qu'elles soient couronnées de succès. Elles pourront alors contribuer à consolider les assises de notre pays», a-t-il ajouté.

La longue carrière politique de M. Fox a été marquée par un faux pas. En 1978, alors qu'il était Solliciteur général, il a été contraint de démissionner du cabinet après s'être reconnu coupable d'avoir posé un geste illégal quelques années auparavant. M. Fox avait admis avoir falsifié une signature sur une requête d'avortement thérapeutique présentée par une femme avec qui il avait eu une liaison.

Considéré à l'époque comme le dauphin de Pierre Trudeau, M. Fox est demeuré en politique malgré le scandale. Il est revenu au cabinet en 1980, après la victoire des libéraux aux élections générales.