L'ancien premier ministre Jean Chrétien met les Canadiens en garde: les conservateurs pourraient tenter d'abroger la Loi reconnaissant les mariages gais et chercher à interdire à nouveau l'avortement maintenant qu'ils ont une majorité aux Communes.

Le gouvernement Harper n'a pas hésité à mettre la hache dans le registre des armes d'épaules et a renié la signature qu'a posée le Canada au bas du protocole de Kyoto. Rien ne les empêche d'agir aussi rapidement dans d'autres domaines controversés, estime M. Chrétien dans une lettre aux militants libéraux envoyés ce matin.

M. Chrétien a envoyé cette lettre afin d'inciter les militants libéraux à contribuer à la caisse du Parti libéral et donner ainsi les moyens financiers au parti de refaire ses forces après la défaite historique du 2 mai.

«Les conservateurs ont déjà mis fin au contrôle des armes à feu et à l'accord de Kyoto. La prochaine fois ce sera peut-être le droit de la femme au libre-choix ou le mariage gai. Ensuite, peut-être qu'ils instaureront la peine capitale. Une à une, toutes les valeurs que nous chérissons en tant que Canadiens seront perdues», affirme M. Chrétien dans cette missive.

Selon M. Chrétien, qui a dirigé le pays pendant 10 ans entre 1993 et 2003, le Canada a fait plusieurs pas en arrière depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs en 2006. Les libéraux, estime-t-il, doivent plus que jamais se mobiliser pour empêcher les conservateurs de détruire d'autres programmes chers aux Canadiens.

«Lorsque j'ai été élu pour la première fois en 1963, l'assurance-maladie n'existait pas. Il n'y avait pas de Régime de pensions du Canada, ni de drapeau, ni de Charte des Droits. La constitution était la loi britannique et il n'y avait pas de Loi sur la clarté. Les libéraux ont bâti ces choses - et beaucoup plus. Nous avons éliminé le déficit. Nous avons payé notre dette et réduit les impôts. Les libéraux ont gardé le Canada hors du conflit en Irak, tandis que les conservateurs nous auraient amenés en guerre», affirme M. Chrétien dans sa lettre.

«Nous avons tout fait en établissant des liens avec les Canadiens. Parfois par l'entremise des médias, mais la plupart du temps, une conversation à la fois. Aujourd'hui, c'est comme si nous étions de retour en 1963. Sauf que cette fois-ci, l'avenir semble très différent. À moins d'être audacieux. À moins de saisir cette occasion. Tout ce que nous avons bâti jusqu'à maintenant s'écroulera peu à peu», ajoute-t-il.