Le gouvernement Harper poursuit ses efforts pour refaçonner les symboles nationaux: La Presse a appris qu'un immeuble devant le parlement d'Ottawa sera rebaptisé l'édifice Sir John A. Macdonald.

C'est la seconde fois en quelques mois qu'un immeuble du gouvernement fédéral est ainsi nommé d'après un premier ministre conservateur. En septembre, l'ancien hôtel de ville d'Ottawa avait été baptisé édifice John G. Diefenbaker. Situé sur la promenade Sussex, il abrite le secteur Commerce international du ministère des Affaires étrangères, dont le siège social est dans l'immeuble voisin, l'édifice Lester B. Pearson.

Ainsi, le nom du tout premier chef de gouvernement canadien remplacera celui de l'immeuble de la rue Wellington, connu actuellement sous celui d'édifice de la Banque de Montréal. L'institution financière y avait une succursale jusqu'en 2005, lorsqu'elle a été évincée par le ministère des Travaux publics. L'endroit est vacant depuis.

Érigé en 1930, l'édifice est décrit comme l'un des plus beaux exemples de style Beaux-Arts moderne à Ottawa. Il devrait abriter des salles de réunion comme celle de la Confédération, actuellement dans l'édifice du Centre du parlement, qui doit fermer d'ici quelques années pour rénovations.

La ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, devrait annoncer ce nouveau baptême bientôt, peut-être le 11 janvier, qui marquera le 197e anniversaire de la naissance de Macdonald.

Une note d'information envoyée à la ministre Ambrose en mai et obtenue par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information révèle que cette idée faisait son chemin au gouvernement depuis plusieurs mois. On y apprend aussi que c'est l'ancien ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon qui a suggéré de nommer le 111, promenade Sussex l'édifice John G. Diefenbaker.

Anecdote amusante, par ailleurs: l'édifice Sir John A. Macdonald sera agrandi sur quelques étages sur un terrain adjacent. Mais ce faisant, il bloquera les fenêtres de certains bureaux de l'immeuble voisin, celui de la Tribune nationale de la presse, dont ceux du Toronto Star. De quoi faire plaisir à certains députés du Parti conservateur, qui perçoivent les positions du quotidien comme n'étant pas sympathiques à leur cause.

Rétablir l'équilibre

De telles démarches s'inscrivent dans un effort soutenu du gouvernement Harper pour modifier les points de repère des Canadiens. Le Parti libéral du Canada a régné sur la bureaucratie fédérale pendant la majeure partie du siècle dernier et a eu amplement l'occasion d'agir en ce sens. Stephen Harper souhaite donc rétablir l'équilibre vers des symboles chers à ses partisans.

Ainsi, outre un immeuble à Ottawa, John Diefenbaker a également reçu son prix: le prix annuel John Diefenbaker pour la défense de la liberté et des droits de la personne, dont le premier a été décerné en mars. L'ancien premier ministre conservateur aura aussi son brise-glace, qui servira à défendre la souveraineté du territoire canadien dans l'Arctique.

En 2007, le gouvernement conservateur avait aussi nommé l'aéroport international d'Halifax l'aéroport Robert L. Stanfield, ancien premier ministre progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse. Les libéraux avaient eux aussi eu recours à des anciens chefs de parti pour baptiser des aéroports, dont celui de Toronto (Pearson) et Montréal (Pierre-Elliott-Trudeau).

À cette guerre de noms s'ajoutent les efforts déployés par Ottawa au cours des derniers mois pour donner une plus grande place à la Couronne britannique dans les institutions canadiennes. Ainsi, la marine et l'aviation canadiennes s'appellent désormais la Marine royale canadienne et le Corps d'aviation royal canadien, et un portrait de la reine Élisabeth II accueille maintenant les visiteurs du siège du ministère des Affaires étrangères, remplaçant les oeuvres du peintre québécois Alfred Pellan.