Un discours du chef intérimaire du Parti libéral du Canada (PLC), Bob Rae, relance les rumeurs selon lesquelles il souhaiterait briguer la direction de son parti.

Alors que le PLC se prépare à élire son nouveau président, dimanche, un seul des cinq candidats serait opposé à cette possibilité. Il s'agit de Charles Ward, retraité originaire de Montréal qui se définit comme un pur inconnu et un membre ordinaire qui souhaite redonner ses lettres de noblesse à sa formation et le pouvoir aux militants.

Il estime que M. Rae ne devrait pas briguer le poste, comme il l'avait promis en prenant la direction intérimaire de son parti, au printemps dernier. Bob Rae avait alors adhéré aux conditions posées par le comité de direction, dont l'une était de ne pas se porter candidat lorsque viendrait le temps, en 2013, d'élire un chef permanent.

Or, dans un discours de 45 minutes prononcé mercredi à l'ouverture du caucus hivernal de son parti, Bob Rae a de nouveau laissé planer le doute sur ses réelles intentions. D'entrée de jeu, le politicien de 63 ans a dit que les libéraux devaient se préparer à prendre le pouvoir dès les prochaines élections. Il a ensuite passé plusieurs minutes à défendre son bilan financier à titre de premier ministre de l'Ontario, dans la première moitié des années 90.

En point de presse, quelques heures plus tard, il n'a pas voulu écarter la possibilité d'être candidat. «L'exécutif du parti a établi des règles que je m'engage comme serviteur du parti à suivre», s'est-il borné à dire.

Le nouveau président

du PLC élu dimanche


Le prochain président du PLC, qui sera élu dimanche au cours d'un congrès à Ottawa, pourrait donc avoir une décision importante à prendre: revenir ou non sur ces «règles» alors que la formation a le vent dans les voiles sous la houlette de son chef intérimaire.

Joints par La Presse, quatre des cinq candidats à la présidence se sont montrés disposés à lui laisser la voie libre, à condition qu'il démissionne de son poste avant de faire campagne. «Aucune règle n'empêche M. Rae de devenir chef permanent», a précisé Mike Crawley qui, avec l'ancienne députée Sheila Copps, est perçu comme un favori dans la course.

«Bien sûr, il y a l'engagement qu'il a pris en devenant chef intérimaire. Mais s'il estime que les circonstances ont changé ou s'il a changé de point de vue, à mon avis, c'est une question qui le concerne et qui concerne les membres du parti», a-t-il ajouté. Mme Copps, qui a été la première à exprimer cette position, a abondé dans ce sens, tout comme Ron Hartling et Alexandra Mendès.

Seul Charles Ward, ancien vice-président d'Air France dans l'ouest de l'île de Montréal, a adopté un ton très différent de celui de ses adversaires: «Ce gars-là a conclu un accord avec le parti, avec les membres, qui dit qu'il ne peut pas se présenter comme chef permanent. C'est clair et net.»

M. Ward a précisé que, s'il est élu, il se pliera à la volonté des membres. Mais selon lui, la question est fondamentale dans le contexte de la reconstruction du Parti libéral: «On doit commencer à montrer aux gens que le parti représente l'honnêteté et l'intégrité.»