Alors que le président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) s'apprête à quitter ses fonctions, son successeur sera bientôt choisi, et il n'aura pas à être bilingue si l'on se fie à l'affichage du poste.

L'affichage indique que la maîtrise des deux langues officielles «serait préférable» et non pas essentielle, a relevé le Nouveau parti démocratique (NPD) qui a remarqué et mis la main sur l'affichage du poste de président.

Ce critère de bilinguisme «essentiel» est parfois indiqué sur certaines offres d'emploi au sein du gouvernement, comme ce fut le cas pour le poste de vérificateur général.

Réagissant, James Maunder, un porte-parole du ministre du Patrimoine canadien James Moore, a fermement affirmé que «le prochain président du CTRC sera bilingue».

Il a expliqué que le processus et le texte de l'affichage sont «standard». De fait, l'affichage du poste en 2006 pour le président actuel, Konrad Von Finckenstein, était identique au niveau des compétences linguistiques et précisait «préférable» pour le bilinguisme. M. Von Finckenstein est néanmoins bilingue, comme ses trois prédécesseurs.

Mais le porte-parole ne pouvait commenter pourquoi l'affichage de poste ne reflétait pas les intentions indiquées par le ministre alors que d'autres affichages gouvernementaux indiquent «essentiel». Il ne pouvait pas non plus préciser si l'affichage serait modifié.

«Actuellement, notre objectif est de remplir ce poste important avec un candidat qualifié et bilingue», indique M. Maunder en réponse à cette question. Pourtant, une agence externe a été retenue pour trouver le prochain président. Il pourrait être plus rapide et moins coûteux pour elle de ne pas évaluer les candidats qui ne répondent pas aux normes linguistiques exigées.

Cette situation survient après un automne mouvementé à Ottawa où le Québec et les partis d'opposition avaient vertement dénoncé la nomination par les conservateurs d'un juge unilingue à la Cour suprême, mais surtout celle d'un vérificateur général unilingue anglais, alors que l'affichage de ce poste indiquait clairement que le bilinguisme était «essentiel».

Le NPD trouve épouvantable la situation découlant de l'affichage pour le poste du CRTC.

«Pour moi c'est une hérésie», a déclaré en entrevue le député néo-démocrate Pierre Nantel au sujet des exigences linguistiques contenues dans l'affichage.

Il trouve la situation particulièrement choquante, surtout parce que le président du CRTC a une incidence importance sur la culture, les médias et la télévision.

Il estime que ce dernier doit être bilingue, afin de pouvoir bien comprendre les deux cultures au pays: «La personne qui dirige le CRTC a une incidence gigantesque sur le développement culturel des deux langues officielles. (...) Une personne qui dirige l'avenir des médias et qui ne maîtrise pas cette langue-là, c'est odieux».

«Les conservateurs méprisent les francophones au pays et au Québec», a-t-il laissé tomber. Il souligne que de nombreuses audiences publiques sont organisées par le CRTC et qu'il est obligatoire que le président comprenne les citoyens qui s'expriment.

Et si le candidat retenu se trouvait à être unilingue français, M. Nantel maintient ses arguments.

«Les anglophones seraient tout aussi en raison d'être contrariés et de se révolter».

L'offre d'emploi du futur président du CRTC indique d'ailleurs que la personne retenue doit «consentir à voyager dans l'ensemble du Canada», et doit posséder des compétences supérieures en communication orale et écrite, ainsi que la capacité d'agir comme porte-parole du CRTC auprès des médias sur des questions sensibles et de comparaître devant des comités parlementaires.

Le salaire offert pour ce poste sera entre 256 100$ et 301 200$.

Le CRTC est un organisme de réglementation indépendant, chargé de réglementer et de superviser tous les aspects du système canadien de radiodiffusion et les télécommunications au Canada.

Il a donc pour rôle de conserver un équilibre délicat «dans l'intérêt public» entre les objectifs culturels, sociaux et économiques des lois, peut-on lire sur l'avis qui annonce le poste vacant.

M. Nantel espère que la population va faire pression sur le gouvernement pour que le prochain président soit bel et bien bilingue.

Le mandat de M. Von Finckenstein se termine le 24 janvier. Il est en poste depuis le 25 janvier 2007.