Le ministre fédéral de la Justice a affirmé vendredi que le gouvernement changera la loi afin de s'assurer que l'union des couples homosexuels étrangers qui viennent se marier au Canada soit reconnue au pays.

Rob Nicholson assure que le gouvernement croit que ces mariages doivent être reconnus comme «valides».

«Nous changerons la Loi sur le mariage civil pour que tous les mariages effectués au Canada qui ne sont pas reconnus dans le pays d'origine du couple soient reconnus ici», a déclaré le ministre vendredi lors d'un discours prononcé devant le Canadian Club de Toronto.

Des doutes ont été soulevés jeudi quant à la validité des milliers de mariages célébrés au Canada entre conjoints de même sexe provenant de l'extérieur du pays, en raison d'une position du gouvernement fédéral dans la cause de deux lesbiennes de l'étranger qui demandent le divorce. Dans un document déposé en cour, les procureurs fédéraux plaident que les deux femmes n'étaient pas légalement mariées puisqu'elles ne sont pas Canadiennes.

Certains ont accusé le gouvernement de Stephen Harper de chercher à réécrire les lois sur le mariage gai pour respecter son idéologie de droite.

M. Nicholson, qui a fait ses commentaires lors d'un discours devant le Canadian Club de Toronto, a estimé que «la peine et la confusion résultant de cette lacune» est injuste pour les personnes touchées.

Le chef libéral intérimaire Bob Rae, s'exprimant devant des journalistes lors du congrès bisannuel de son parti à Ottawa, a répondu au ministre avec sarcasme: «Oh, bon sang, laissez-moi rire.»

«Ces types sont spécialisés dans les tentatives de se reprendre», a dit M. Rae à propos des conservateurs de Stephen Harper.

«Le seul écart se situe dans l'incapacité des ministres du cabinet conservateur de respecter les traditions canadiennes les plus honorables en lien avec nos valeurs de tolérance», a ajouté M. Rae.

Au dire de Randall Garrison, le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de droits des homosexuels, Ottawa a tenté à plusieurs reprises d'utiliser une faille dans la législation pour réduire ces droits «par la porte d'en arrière».

«Ils se sont fait prendre et je crois qu'ils étaient très surpris par la réaction, alors ils ont changé de position aujourd'hui», a-t-il fait valoir.

Le couple qui tente d'obtenir le divorce, qui n'est identifié dans les documents de cour que par les initiales des deux conjointes afin de respecter leur vie privée, s'est marié à Toronto en décembre 2005 et s'est séparé deux ans plus tard. L'une des femmes habitent Clearwater, en Floride, et l'autre réside à Londres.

Leur mariage n'est reconnu ni en Floride ni au Royaume-Uni. Conséquemment, elles sont incapables d'obtenir un divorce dans leurs villes respectives.

Le couple doit aussi faire face à un obstacle en Ontario, puisque la loi indique qu'un des deux conjoints doit habiter la province depuis au moins un an. Elles ont déposé une contestation constitutionnelle de cette clause devant la Cour supérieure de l'Ontario.