Les intérêts du Canada et de la Chine ne sont pas en conflit, mais en convergence, a affirmé hier l'ambassadeur de la Chine à Ottawa, Zhang Junsai, lors d'une conférence à Montréal.

La visite du premier ministre Stephen Harper en Chine, la semaine prochaine, sera l'occasion de la signature d'un traité de protection des investissements étrangers qui devrait faciliter l'engagement des entreprises canadiennes dans l'empire du Milieu. Mais les organismes de défense des droits de l'homme se demandent si M. Harper en profitera aussi pour aborder le sujet de la répression politique qui y sévit.

«Lors de son précédent voyage, en 2009, il n'avait presque pas fait mention des droits de l'homme», indique Dermod Travis, du Comité Canada-Tibet. «Nous aimerions qu'il le fasse devant une audience chinoise, par exemple des étudiants.»

À peine élu, M. Harper avait affirmé qu'il ne serait pas esclave du «dieu Dollar» dans ses relations avec la Chine et ne se gênerait pas pour aborder les questions délicates touchant les droits de l'homme. L'année suivante, il avait rencontré le dalaï-lama à Ottawa avant même de faire sa première visite officielle en Chine, s'attirant les foudres de l'ambassade chinoise. En 2009, lors de sa visite, il avait été plus discret - un communiqué commun avait été diffusé après sa rencontre avec le président chinois, Hu Jintao, et il n'avait presque pas parlé du dossier tibétain dans un discours à Shanghai devant le Conseil commercial Canada-Chine.

Hier, à la conférence de M. Zhang, qui était invité par le Conseil des relations internationales de Montréal, il n'a pas été question des droits de l'homme. La conférence de presse prévue a été annulée à cause d'une visite chez Bombardier. La Presse a pu toutefois aborder la question avec Douglas Robertson, président du Conseil commercial Canada-Chine à Montréal.

«La question des droits de l'homme est soit au premier plan, soit à l'arrière-plan, a expliqué Me Robertson. Elle est bien réelle, mais à mon avis exagérée. Quand on voit le reste du monde, les autres pays avec qui le Canada a des relations, il ne faut pas cibler seulement la Chine.»

Investissements

Le traité de protection des investissements étrangers sera un élément important du voyage, selon l'avocat montréalais. «Dans un pays en voie de développement, même s'il est déjà développé, il faut protéger les investissements étrangers de l'ingérence politique de l'État, dont les motifs ne sont pas nécessairement transparents. Des entreprises canadiennes ont fait l'expérience de ces problèmes.»

Me Robertson estime que la Chine pourrait participer au Plan Nord du gouvernement Charest avec «du capital et son expertise minière». Dans une entrevue récente à La Presse Canadienne, l'ambassadeur Zhang a indiqué que les entreprises chinoises ont investi 5 milliards au Canada l'an dernier. Au début de la semaine, une entreprise d'extraction de sables bitumineux a fait sa première émission d'actions à Hong Kong plutôt qu'au Canada. M. Zhang a évoqué dans sa conférence que la Chine avait besoin de l'expertise canadienne en énergie renouvelable, en plus de ses ressources naturelles. Le commerce Canada-Chine a triplé depuis 10 ans, avec des exportations canadiennes de 13 milliards et des importations de 44 milliards.