Des députés conservateurs et plusieurs sympathisants ont pris part à une réception à l'hôtel du parlement, mercredi soir, pour souligner l'adoption du projet de loi qui abolit le registre des armes d'épaule. Une soirée qui a été payée avec des fonds publics.

Le cabinet du premier ministre Stephen Harper confirme qu'il a payé pour l'événement, auquel ont participé des députés conservateurs et des invités. La fête, qui a rassemblé plusieurs dizaines de personnes, s'est déroulée dans l'enceinte du parlement, dans la salle où se réunissent chaque semaine les députés du Parti conservateur.

Le coût de la soirée est «marginal», dit-on au bureau de M. Harper, puisqu'on y a essentiellement servi un goûter et du café. Elle vise à souligner l'aboutissement d'un long processus, les conservateurs ayant décrié le registre des armes d'épaule dès sa création par le gouvernement libéral. Le gouvernement Harper a tenté de le démanteler à maintes reprises lorsqu'il était minoritaire, mais il s'est heurté chaque fois au refus des partis de l'opposition.

Le coût a beau être marginal, la tenue d'une telle soirée aux frais des contribuables est «odieuse», selon Suzanne Laplante-Edward, dont la fille Anne-Marie est morte dans la tuerie de l'École polytechnique.

«Je suis outrée, a-t-elle dit. Je ne peux pas imaginer qu'on se serve de mes taxes pour se faire un party pendant que ces conservateurs sont en train de danser sur la tombe de ma fille.»

Au début de la soirée, la Chambre des communes a avalisé par un vote de 159 voix contre 130 le projet de loi C-19 qui abolira le registre des armes d'épaule. Il sera maintenant étudié au Sénat avant de recevoir la sanction royale. Les conservateurs ont été conviés à deux fêtes, mercredi soir. La seconde a été organisée par la secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique, Candice Hoeppner.

Le gouvernement Harper n'a pas manqué de souligner l'abolition imminente du registre des armes d'épaule au cours des dernières semaines. Le Parti conservateur a créé une page web où l'on pouvait voir un décompte menant au vote de mercredi soir. «À ma première élection, en 2006, on parlait de l'abolition de ce registre inutile et aujourd'hui, ça va être un vote définitif et final à la Chambre des communes, a indiqué le ministre Maxime Bernier. Je suis bien heureux que nous respections la promesse électorale. C'est ce qui est important à dire.»

Les partis de l'opposition, tout comme les élus à Québec, n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer l'attitude festive affichée par les conservateurs.

«C'est vraiment désastreux, au Canada, qu'un gouvernement qui dit représenter tout le monde ose fêter après avoir présenté une motion qui est contre les femmes et les victimes de violence», a déclaré la chef du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel.

«Je trouve cela déplorable, a renchéri le ministre québécois de la Sécurité publique, Robert Dutil. Ils ont le droit à leur opinion, on le comprend... Mais de là à fêter, ce n'est pas très adéquat.»

- Avec la collaboration de Paul Journet