Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, a reconnu lundi qu'un employé de sa formation était responsable d'une campagne menée sur Twitter pour attaquer le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, de manière très personnelle.

M. Rae a fait cette déclaration inattendue à la Chambre des communes, tout juste après que le ministre Toews eut demandé au président de déterminer si cette attaque et d'autres du même type avaient porté atteinte à son privilège parlementaire.

«J'ai été avisé (dimanche) qu'un employé du Bureau de recherche libéral était responsable du site Vikileaks30, a reconnu Bob Rae. J'en ai discuté avec cet individu ce matin. Il a offert sa démission et je l'ai acceptée.»

L'employé a été identifié plus tard comme étant James Carroll.

«Je veux offrir mes excuses personnelles au ministre pour la conduite de mon personnel, a ajouté M. Rae. Ça fait 30 ans que je suis dans la vie publique et j'ai toujours essayé de faire une différence entre les activités personnelles et privées de tous ceux qui sont dans la vie publique,et leurs activités publiques. Franchement, quelque chose que j'ai essayé de faire dans ma vie publique n'a pas été fait par un membre de notre groupe», a-t-il conclu.

Les attaques en question, qui provenaient d'un compte nommé Vikileaks30 sur Twitter, ont pendant plusieurs jours divulgué des éléments de la vie privée de M. Toews, dont des détails concernant son divorce et une liaison extraconjugale.

Ces attaques se voulaient être une réponse à la présentation du projet de loi C-30, qui vise à donner au gouvernement et aux autorités policières la possibilité d'obtenir sans mandat certains renseignements personnels concernant les activités de citoyens sur l'internet.

Le groupe Anonymous s'en est aussi pris à M. Toews: dans une vidéo diffusée sur l'internet, il est allé jusqu'à le menacer de rendre publiques des informations très compromettantes à son égard s'il n'abandonnait pas le projet de loi d'ici quelques jours.

Les téléphones et télécopieurs du ministre auraient aussi été submergés d'appels depuis quelques jours.

Vic Toews a accepté les excuses de Bob Rae, mais il a demandé au président de la Chambre de tout de même trancher à l'égard de l'ensemble des actes dirigés contre lui au cours des dernières semaines. «Les députés doivent avoir la liberté et la possibilité de représenter leurs électeurs de manière efficace à la Chambre des communes», a-t-il justifié.

Il a en outre affirmé qu'au moins un député libéral avait encouragé Vikileaks30. Il n'a pas cité de nom, mais en fin de journée, Justin Trudeau a été montré du doigt sur Twitter pour avoir relayé du contenu de la campagne de dénigrement.

Le gouvernement a dû par ailleurs s'excuser auprès du Nouveau Parti démocratique: il y a deux semaines, il avait accusé les troupes de Nycole Turmel d'être derrière l'offensive virtuelle.

Il faudra encore attendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant de connaître la décision du président de la Chambre des communes dans ce dossier.