Les accusations de fraude électorale ont continué hier à pleuvoir sur le Parti conservateur, qui a tenté tant bien que mal de repousser les attaques.

À la Chambre des communes, les partis de l'opposition ont cité plusieurs exemples de citoyens qui ont reçu un appel pour les diriger vers un mauvais bureau de vote, lors du scrutin du 2 mai dernier. Plusieurs autres cas ont aussi été rapportés dans les médias.

Le Devoir a de plus révélé que des pratiques qui ont eu cours dans les rangs conservateurs au Québec, durant la dernière campagne électorale, pourraient s'apparenter au stratagème du «in and out», pour lequel le PCC s'est vu infliger des amendes totalisant 52 000$ après les élections de 2008.

Le quotidien a fait état de dépenses d'environ 15 000$ associées à une quinzaine de candidats défaits pour des services rendus par la firme de marketing Responsive Marketing Group (RMG). Or, certains de ces candidats ou leurs agents officiels ont affirmé que l'argent provenait des instances nationales du parti, mais qu'ils ignoraient si des services avaient bel et bien été rendus localement.

Pourtant, comme le Parti conservateur l'a lui-même appris à ses dépens, une telle pratique est susceptible de contrevenir aux lois électorales canadiennes. En effet, les partis politiques ne peuvent dépenser plus que la limite permise en temps d'élection en imputant certaines de leurs dépenses à leurs candidats.

Le premier ministre Stephen Harper a catégoriquement rejeté ces nouvelles allégations. «Cette histoire est tout à fait fausse, a-t-il tranché. En fait, le candidat local a dit: Le contrat était signé par mon agent officiel et RMG. Notre campagne a reçu le service tel que promis: RMG a fait de l'identification des électeurs dans ma circonscription.»

Étrangement, cette citation, attribuée au candidat conservateur Denis Bertin, n'est pas la même que celle qu'a rapportée Le Devoir, où M. Bertin a affirmé que sa campagne n'a servi que de «boîte à malle». Il a été impossible de le joindre hier.

Campagne téléphonique

Les partis de l'opposition accusent les conservateurs d'être à l'origine d'une campagne téléphonique frauduleuse par laquelle des électeurs ont été dirigés vers de faux bureaux de vote aux dernières élections. Élections Canada, appuyée par la GRC, a ouvert une enquête. Au moins deux sociétés de marketing semblent avoir été impliquées dans le stratagème: RMG, de Toronto, et Racknine, d'Edmonton. Ces deux firmes ont des liens étroits avec le Parti conservateur.

Les témoignages de citoyens qui se plaignent de ces appels ont continué à déferler, hier, tant dans les médias qu'à la Chambre des communes. Même le député néo-démocrate de l'Ontario Joe Comartin a affirmé que sa femme avait reçu l'un de ces appels à sa résidence.

Sur la défensive depuis une semaine, les troupes de Stephen Harper ont continué à attribuer les attaques de l'opposition à une «campagne de salissage» menée par de mauvais perdants.

«Nous savons qu'Élections Canada a reçu 30 plaintes à l'échelle nationale, a déclaré le secrétaire parlementaire du premier ministre, Dean Del Mastro. C'est ce que le rapport du Directeur général des élections dit. Maintenant, près de neuf mois plus tard, voilà que le NPD arrive avec des nouvelles plaintes et de la nouvelle preuve. C'est un non-sens. Ce parti a mené une campagne éthique et propre et nous en sommes fiers.»

M. Del Mastro a même accusé les libéraux d'avoir eux-mêmes orchestré des appels controversés par l'entremise d'une firme américaine. Mais le chef Bob Rae a rejeté ces accusations: son parti n'a pas fait affaire avec la firme en question, a-t-il affirmé. Il a accusé le gouvernement de chercher à faire diversion.