Élections Canada a été inondé d'appels, de lettres et de courriels d'électeurs désirant signaler des irrégularités depuis que la controverse des appels automatisés frauduleux a éclaté la semaine dernière.

Jusqu'ici, quelque 31 000 plaintes et signalements ont été communiqués au bureau de l'organisme responsable du bon déroulement des scrutins nationaux, a indiqué John Enright, porte-parole d'Élections Canada.   

Il a confirmé que tous ces signalements liés aux élections du 2 mai 2011 seront examinés par le bureau du commissaire aux élections fédérales.   

«Élections Canada a reçu un nombre important de plaintes au cours des derniers jours à la suite de l'appel lancé à la population par les députés et les partis politiques d'envoyer des informations à l'agence. Plus de 31 000 communications ont été initiées par les Canadiens avec Élections Canada. Élections Canada va les examiner et prendre les mesures qui s'imposent», a indiqué M. Enright dans un courriel aux médias.   

Il a aussi précisé qu'Élections Canada dispose des moyens suffisants pour mener à bien cette tâche importante et l'organisme remettra un rapport complet sur cette affaire dès que l'enquête sera terminée.   

M. Enright a aussi confirmé que le bureau du commissaire aux élections fédérales mène une enquête relativement aux appels automatisés trompeurs effectués dans certaines circonscriptions lors des dernières élections.   

Le nombre de signalements sans précédent reçu jusqu'ici dépasse largement la moyenne des plaintes déposées à Élections Canada après un scrutin national.   

Aux élections fédérales de 2008, l'organisme fédéral avait reçu 1392 plaintes. Durant les trois scrutins précédents, Élections Canada n'avait pas reçu plus de 400 plaintes (329 plaintes en 2006; 398 plaintes en 2004; 382 plaintes en 2000).   

«C'est un nombre très élevé de plaintes. Je n'ai jamais rien vu de tel», a affirmé l'ancien directeur général d'Élections Canada, Jean-Pierre Kingsley, dans une entrevue à CBC.   

Shawn Luky

Aux nombreuses plaintes reçues par Élections Canada s'ajoutera bientôt celle de Shawn Luky. Ce résidant du quartier East Kildonan, à Winnipeg, ne se souvient plus précisément si s'était le jour même des élections ou la veille, mais il n'a pas oublié l'étrange appel qu'il a reçu quelques heures avant d'aller voter.

«Je me souviens d'avoir vu 'Élections Canada' sur mon afficheur, relate-t-il. C'est la seule raison pour laquelle j'ai répondu.»   

Il a décroché, et entendu le même message automatisé que des dizaines de milliers d'autres Canadiens: en raison d'un achalandage inattendu, son bureau de vote était déménagé.   

M. Luky suit la politique depuis des années et a tout de suite compris qu'il s'agissait d'un canular, et il a raccroché. Mais aujourd'hui, avec les révélations qui déferlent sur le pays depuis 10 jours, il ne cache pas sa colère. Il souhaite qu'une enquête fasse la lumière sur le stratagème d'autant plus qu'Élections Canada ne communique jamais avec les électeurs par téléphone.   

«J'ai compris toute de suite que ce n'est pas ainsi que les choses sont faites, a confié Shawn Luky. Mais ce qui me rend en colère, c'est de savoir que d'autres personnes ont pu être dupées et privées de leur droit de vote.»   

Le vote s'est avéré serré dans sa circonscription, Elmwood-Transcona. Le député néo-démocrate sortant, Jim Maloway, a été défait par le conservateur Lawrence Toet. L'écart entre les deux candidats: 300 votes.