Christian Paradis a mis ses menaces à exécution. Le ministre de l'Industrie et député de Mégantic-L'Érable a déposé, vendredi, une poursuite à l'endroit du député néo-démocrate Guy Caron qu'il accuse d'atteinte à la réputation.

«Il a tenu des propos diffamatoires à mon endroit qui ont atteint ma réputation», a soutenu Christian Paradis samedi, lors d'un entretien réalisé en marge du rassemblement des Jeunes conservateurs auquel il participait en tant que conférencier.

M. Paradis a confirmé qu'une poursuite avait été déposée vendredi devant la Cour supérieure du Québec.

Mercredi dernier, le ministre conservateur avait fait parvenir une mise en demeure au député néo-démocrate de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Guy Caron.

Il enjoignait à M. Caron de retirer, dans les 48 prochaines heures, ses allégations de conflit d'intérêts dans le dossier du déménagement du centre de traitement des demandes d'assurance-emploi de Rimouski à Thetford Mines.

Guy Caron a refusé de rétracter ses propos.

Selon lui, Christian Paradis s'est placé en situation de conflit d'intérêts lorsqu'il a incité sa collègue ministre des Ressources humaines, Diane Finley, à déménager le centre à Thetford Mines.

Rappelons que le ministre Paradis s'était vanté dans un journal local d'avoir fait des représentations pour que le centre de Rimouski soit regroupé avec le centre de Service Canada de Thetford Mines dans le cadre de son déménagement.

La Presse a également révélé le 24 février dernier que le centre de Thetford Mines loue présentement les locaux d'un édifice appartenant à une société à numéro dont le principal actionnaire est l'avocat et homme d'affaires Ghislain Dionne.

M. Dionne est associé avec le père de Christian Paradis au sein du cabinet d'avocats Paradis-Dionne. Christian Paradis était lui-même le troisième associé du cabinet avant son élection.

Le bureau de Diane Finley a toutefois précisé par la suite que le choix de l'immeuble où sera logé le nouveau centre n'est pas arrêté.

Christian Paradis a nié tout conflit d'intérêts dans ce déménagement qui amènera une trentaine de nouveaux emplois dans sa circonscription.

«Je vais aller faire valoir mon point de vue avec des faits devant les tribunaux, a-t-il déclaré. Je l'invite (Guy Caron) à faire de même. Il a fait de la fabulation avec des propos qui sont farfelus, dénués de fondement. Il n'a pas de preuve de ce qu'il avance. On va arrêter de faire une guerre de mots sur la place publique. On va être sérieux. On va sonner la cloche de la fin de la récréation et on va aller au tribunal.»

M. Paradis a refusé de commenter davantage le dossier en raison, a-t-il dit, des procédures judiciaires qu'il a entamées.

Le député néo-démocrate ne compte pas faire marche arrière.

«Ce que je fais et ce que je vais continuer à faire, malgré la poursuite, c'est de défendre les intérêts de mes commettants ici, a fait valoir Guy Caron, en entrevue téléphonique. Moi et les gens ici jugeons cette décision qui a été prise fondamentalement injuste. Je vais continuer à me battre. La poursuite elle-même n'a pas d'effet par rapport à ça.»

Les pertes d'emplois de fonctionnaires entraînées par le déménagement du centre d'assurance-emploi sèment la grogne chez les politiciens et les syndicats de Rimouski.

La Commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique du Canada, Mary Dawson, a confirmé cette semaine qu'elle se penchera sur le dossier, à la demande du NPD.