Les électeurs de Toronto-Danforth ont rendu hommage à leur façon à l'ancien chef du NPD Jack Layton, mort du cancer en août dernier, en élisant le candidat néo-démocrate Craig Scott par une écrasante majorité lors de l'élection partielle tenue hier.

M. Scott, professeur de droit à l'Osgood Hall de l'Université York, a remporté la victoire en récoltant près de 60 % des voix, loin devant son plus proche adversaire, le libéral Grant Gordon, qui a obtenu environ 29 % des suffrages.

Le candidat conservateur Andrew Keyes a dû se contenter d'un maigre 5 % des voix, soit presque autant que la candidate du Parti vert, Adriana Mugnatto-Hamu. En tout, 11 candidats briguaient les suffrages dans cette circonscription reconnue comme un bastion de la gauche au pays. Le taux de participation dépassait à peine les 32% au moment de mettre sous presse avec encore des bulletins à dépouiller dans une quarantaine de bureaux de vote.

«Une opposition officielle forte»

La chef intérimaire du NPD, Nycole Turmel, s'est réjouie de cette victoire qui renforce, selon elle, le NPD à Ottawa alors que le gouvernement Harper s'apprête à déposer un budget austère.

«Le budget conservateur qui sera présenté la semaine prochaine va entraîner des pertes d'emplois et des compressions dans les pensions de retraite et dans les services essentiels pour les Canadiens. Il est plus important que jamais d'avoir une opposition officielle forte», a-t-elle affirmé.

Cette victoire du NPD survient cinq jours avant le congrès à la direction qui doit permettre aux quelque 130 000 membres du parti d'élire un nouveau leader.

Sept candidats sont toujours en lice - les députés Thomas Mulcair, Peggy Nash, Paul Dewar, Nathan Cullen, Niki Ashton, l'ancien président du NPD Brian Topp ainsi que l'homme d'affaires de la Nouvelle-Écosse Martin Singh.

Le NPD avait besoin d'une victoire pour remonter le moral de ses troupes, ébranlées après le décès de Jack Layton, une longue course à la direction qui s'est déroulée dans l'indifférence jusqu'à la dernière semaine et une chute de ses appuis dans les sondages, en particulier au Québec.

Selon un sondage réalisé par Léger Marketing pour le compte de l'agence QMI et publié la semaine dernière, le Bloc est maintenant en tête dans les intentions de vote avec 31% pour la première fois depuis les élections fédérales au cours desquelles il a été réduit à quatre petits sièges à la Chambre des communes.

Le NPD, qui a fait une percée historique en remportant 59 sièges et 42 % des voix au dernier scrutin, a recueilli dans ce coup de sonde 27% contre 22% au Parti libéral et 14% au Parti conservateur.

Espoir au NPD

Les stratèges néo-démocrates, du moins ceux qui appuient le meneur de la course Thomas Mulcair, croient qu'il est possible de renverser cette tendance à quelque trois ans et demi du prochain scrutin d'autant plus si leur candidat remporte la victoire samedi à Toronto.

Les stratèges du NPD te-naient mordicus à conserver cette circonscription, devenue une sorte de symbole du parti depuis la mort de Jack Layton. Olivia Chow, veuve de M. Layton et députée néo-démocrate de la région de Toronto, a fait campagne aux côtés de Craig Scott afin de s'assurer que le NPD conserve cette circonscription.

Les libéraux, qui sont en pleine reconstruction à la suite de leur défaite historique du 2 mai, ont également consacré beaucoup d'énergie pour faire mentir les sondages parus dans les premiers jours de la campagne donnant la victoire au NPD.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, qui représente la circonscription de Toronto-Centre, a multiplié les visites durant la campagne dans l'espoir de convaincre les électeurs d'appuyer le candidat libéral, tout comme le député Justin Trudeau, très populaire dans la région de Toronto.

M. Layton avait remporté la victoire aux dernières élections en récoltant plus de 60% des suffrages. M. Layton avait été élu pour la première fois dans cette circonscription en 2004 en battant le libéral Dennis Mills, qui était en poste depuis 1988.