Les accointances de SNC-Lavalin avec la famille Kadhafi semblent avoir fait une nouvelle victime. Éclaboussée dans cette affaire, l'ambassadrice du Canada Sandra McCardell a quitté son poste en Libye, a appris La Presse.

«Mme McCardell attend sa nouvelle affectation. Un chargé d'affaires à Tripoli sert de chef de mission par intérim jusqu'à ce qu'un nouvel ambassadeur soit choisi», a confirmé hier Chris Day, directeur des communications du ministre des Affaires étrangères, John Baird.

Sous l'ancien régime, le mari de Mme McCardell, Edis Zagorac, avait été recruté par SNC-Lavalin pour diriger l'Agence exécutive du Corps des ingénieurs libyen, entité militaire et civile présidée par Saadi Kadhafi, fils de l'ancien dictateur.

Volte-face

M. Day n'a pas expliqué la raison du départ de l'ambassadrice, ni s'il était prévu de longue date. Mme McCardell avait pourtant assisté à la réouverture de l'ambassade à Tripoli, le 11 octobre dernier, en compagnie du ministre Baird et de représentants de trois entreprises canadiennes, dont SNC-Lavalin.

Mme McCardell avait expliqué à cette occasion que l'une des priorités de l'ambassade serait d'aider les entreprises canadiennes qui avaient été forcées de quitter le pays en guerre à redémarrer leurs activités dans la nouvelle Libye.

«J'ai l'intention d'être très occupée et je pense qu'il y a beaucoup à faire», avait-elle confié plus tôt au Toronto Star. Ses priorités étaient alors d'établir des liens avec le nouveau pouvoir à Tripoli et de soutenir la transition démocratique.

Inquiétudes

Mais les liens entre M. Zagorac et le clan Kadhafi, révélés en février par la CBC, ont soulevé des inquiétudes quant à l'efficacité de l'ambassadrice à représenter les intérêts du Canada auprès du nouveau gouvernement libyen.

Pour le moment, la mission canadienne est dirigée par le chargé d'affaires Michael Grant. Le nom d'un nouvel ambassadeur sera ultérieurement soumis au gouvernement libyen pour approbation - un processus habituel en diplomatie internationale.

C'est seulement le 18 janvier dernier que le ministre Baird a su que M. Zagorac avait travaillé pour SNC-Lavalin en Libye. Il a alors demandé au vice-ministre d'étudier la question et de prendre les mesures appropriées.